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Une balle au rebond [Nayla] (terminé)

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Plus l'exercice durait, plus Deryn semblait s'agacer. Elle voyait bien que son dragon faiblissait petit à petit, lentement, mais sûrement, comme s'il préférait se laisser manger petits morceaux par petits morceaux plutôt que de réagir d'une manière ou d'une autre. C'était parfaitement ridicule, et vu la sueur qui commençait à perler sur le front de Deryn, tout à son effort, et le regard agacé qu'elle avait fini par adresser à Nayla face à cette situation en disait long sur le fait qu'elle n'arrivait pas à imposer sa volonté à son propre dragon.

Tout un coup, quand Nayla se lança à l'assaut en se rapprochant d'elle au point de lui heurter le pied à plusieurs reprises, Deryn sembla perdre un instant toute concentration - et son dragon, comme libéré, avala plus de la moitié du pauvre petit dragon de Nayla en une seule bouchée. Oh, il était encore vivant, bien sûr, mais autant dire qu'il faisait beaucoup plus faible, d'un seul coup.


"Oh! Oh... Désolée!" Furent les premiers mots qui sortirent sans même qu'elle y pense de la bouche de Deryn, sur un ton réel d'excuse, avant qu'elle ne se mette à froncer des sourcils et, après réflexion, éteignit son dragon pour ranger sa baguette, avant de reprendre d'un ton plus sévère.

"Non, tu as raison, c'est bien stupide tout ça. On n'a pas fini tes devoirs, par contre, il va donc falloir que t'y remettes sérieusement après le repas."

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Un truc qui lui échappait


Est-ce que son petit accrochage du pied inconscient lui avait fait perdre sa concentration? Nayla se sentit toute bête, surtout qu’elle n’arrivait pas trop à comprendre ce qui venait de se produire. Si son écart de conduite l’avait fait gagné contre Deryn, elle s’en serait voulue et aurait voulu reprendre le duel pour «ne pas tricher», mais c’était tout le contraire qui s’était produit. Lorsqu’elle avait touché son amie, et que celle-ci avait relâché son contrôle sur son dragon, la grosse bête avait presque avaler tout le sien! Comment est-ce que c’était possible? Ce n’était juste pas logique de penser que son amie avait restreint son invocation… elle n’était tout simplement pas du genre à «la laisser gagner».

D’ailleurs, le fait que la Serpentard se soit excusée pour l’attaque virulente de son dragon et l’ait fait disparaître, interrompant leur jeu, n’aida en rien la Poufsouffle à comprendre ce qui s’était passé.

-Mais non c’est bien ça le but du jeu! protesta Drew avec un air confus. Depuis quand tu t’excuses de gagner toi?

Le soudain retour au sérieux de Slughorn lui tira une moue. Évidemment qu’elle était consciente qu’il fallait se remettre la tête dans le travail, mais Nayla gardait cette impression bizarre à nouveau qu’il s’était passé un truc qui lui échappait complètement… et qu’elle avait bien manqué de saisir. En plus, comme elle avait perdu au jeu, elle retournait à la case départ côté idée cadeau. Même qu'elle avait grandement reculé, sa seule idée lui semblant désormais trop nulle pour plaire à sa meilleure amie.

-Je n’ai jamais dit que c’était stupide… marmonna-t-elle en guise de protestation. Au contraire, j’aime encore plus ta compagnie lorsqu’on oublie d’être sérieuses quelques minutes. Mais d’accord, allons manger, puis on fera le devoir de potion et on commencera à réviser les autres cours que j’ai raté? Zut alors, ils avaient raison, c’est si lourd l’année des BUSEs!

Par réflexe, alors qu’elle rempochait sa baguette de la main droite, Nayla fit mine d’étirer son bras gauche pour prendre ses affaires qui trônaient sur la table, réveillant la douleur dans son bras qui la fit grimacer et échapper un grognement d’inconfort. Dire qu’elle était en train d’oublier qu’elle était blessée tellement elle était bien en compagnie de Deryn!

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Face aux remarques de Nayla sur le fait qu'elle ai interrompu le jeu, qu'elle s'était excusée et, surtout, le fait qu'elle disait aimer sa compagnie en particulier lorsqu'elles n'étaient pas sérieuses, Deryn se sentait rougir légèrement, gênée. Aussi essaya-t-elle d'évacuer la situation au plus vite.

"Ah ah, oui, d'accord, je comprends. Bah désolée, hein. Mais comme tu dis, faut bien avancer quand même, non? Après tout y a les BUSEs à la fin de l'année, on ne peut plus passer son temps à s'amuser non plus. Sinon ça va être catastrophique. Mais ok, on se retrouve après manger. Mais essaye de manger léger pour une fois, hein? Si tu t'endors à cause d'une trop grosse digestion, je vais avoir du mal à te transporter jusque dans ta salle commune, hein!"

Toutefois, quand Nayla sembla s'être fait à nouveau mal, Deryn bondit littéralement sur ses pieds pour voir dans quel état elle se retrouvait. Heureusement, ce n'était qu'une douleur passagère.

"Bon, ça va, tu as l'air de ne pas trop mal aller... Fait attention au milieu des morfales, hein! Qu'ils ne confondent pas ton bras avec un morceau de caille."

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À la manière d’un prince charmant


Avec Deryn, le travail, les études, c’était toujours la priorité. Honnêtement, c’était une qualité que Nayla appréciait chez son amie, bien sûr, puisqu’elle-même était plutôt studieuse, quoi que d’avantage curieuse et un peu moins sérieuse, peut-être. Mais il lui arrivait d’avoir ces moments où elle aurait préféré que la Serpentard se détende un peu plus et soit d’avantage elle-même. Cette amie-là lui était bien plus agréable que celle qui se resserrait et prenait ses distances subitement, faignant l’indifférence.

-Oui, il faut avancer… se contenta-elle pourtant d’approuver bien qu’elle aurait pris encore un peu d’amusement en sa compagnie.

Heureusement, il n’arrivait jamais à Drew de rester longtemps taciturne, et la boutade légère envoyée par Slughorn sur l’appétit vorace de la Poufsouffle (qui détonnait tant avec sa carrure!) lu avait tiré un rire sincère. Puis, elle avait mal étiré son bras, de sorte qu’elle eut l’air en douleur pour une seconde, et une fois de plus, Deryn la surprit par sa sollicitude soudaine. Comment passait-elle si facilement de l’indifférence à l’inquiétude sans se mêler elle-même dans ses émotions? Nayla, elle, trouvait ça étourdissant.

-Hey, mais tous les Poufsouffle ne sont pas des goinfres! Bon, la majorité d’accord, mais c’est… c’est comme affirmer que tous les Serpentard détestaient les né-moldus quoi! J’ai une preuve devant moi que ce n’est pas vrai, la taquina-t-elle en la poussant légèrement de son épaule intacte, avant de finalement récupérer lentement et péniblement tous ses effets et essayer de les tenir avec un seul bras.

Les deux prochaines semaines allaient certainement être un calvaire! Mais tant que Deryn serait à ses côtés, ça ne pouvait pas être si terrible, non? Toutefois, alors qu’elles approchaient de la Grande Salle qui embaumait la délicieuse nourriture, Nayla eut une moue ennuyée. Tant qu’elles étaient ensemble, oui, ça allait. Mais même s’il n’était pas interdit de se mêler aux tables des autres maisons lors des soirées «ordinaires» et qu’il n’était attendu des élèves de s’asseoir à leur propre table que lors des rassemblements importants… Jamais Drew n’avait osé se tenir avec Slughorn à sa table, de peur de la gêner, et celle-ci ne l’avait jamais rejointe non plus… Même si elle savait que la sang pur essayait surtout de calibrer ses rapports avec les membres de sa maison qui étaient plus réticents avec les «sang-de-bourbe», chaque fois qu’elle se faisait cette remarque, la Poufsouffle se rembrunissait un peu.

-Et si on… faisait juste se prendre quelques plats et qu’on les rapportait dans la salle d’études? Pour continuer à travailler tout en mangeant, tu vois! Oh, et comme ça, tu seras assurée que je ne m’empiffre pas, fit-elle à la blague en espérant que Deryn ne comprendrait pas la vraie raison de son soudain changement de programme. Comme ça tu es certaine de ne pas avoir à me porter jusqu’à ma salle commune plus tard, à la manière d’un prince charmant.

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Bien sûr, sa petite remarque pas innocente du tout sur les Poufsouffle fit rire Nayla, là où quelqu'un d'autre l'aurait peut-être mal pris. Mais Nayla était de très bonne composition et, bien sûr, elle ne le prit pas du tout comme une moquerie au premier degré. Ce qui avait, quelque part, un côté... Rafraichissant. Toutefois, Deryn ne releva pas la petite pique sur le comportement des Serpentard vis-à-vis des Sangs-de-Bourbe, préférant se contenter d'un petit sourire qui ne disait rien du tout. Car Deryn le savait très bien, c'était un sujet délicat et difficile à gérer, et ce même avec toute la volonté du monde de leur directeur de Maison qui voulait absolument que ce type de point de vue disparaisse. Et puis elle ne voulait pas blesser Nayla en lu iexpliquant qu'en aucun cas un Sang-de-Bourbe ne saurait être réellement complètement intégré chez les Serpentard. C'était trop compliqué. Ah, si seulement Nayla était aussi de Sang-Pure, elles pourraient...!

Si elle était de Sang-Pure? Et alors quoi? Qu'est-ce que ça changerait? voilà bien une pensée idiote à laquelle il ne valait mieux pas songer. Allez hop, encore une idée imbécile à mettre à la poubelle dans un coin de sa tête.

Toutefois, quand Nayla proposa d'emporter quelques plats pour aller les manger en tête à tête dans une salle à part pour continuer leurs révisions, Deryn se sentit à nouveau légèrement s'empourprer. L'idée était charmante, bien sûr, mais... Ca risquait d'être compliqué, non? Déjà parce qu'elle savait très bien que le fait de déplacer de la nourriture hors de la salle commune était peu apprécié d'une manière générale, mais en plus, c'était tout de même très particulier comme idée, non...?


"Euh... Hum... Hé bien, je ne sais pas trop... Faudrait pas non plus que ça se voit que ça a l'air de te faire plaisir d'aller manger ailleurs avec moi, hein? Et puis j'ai aussi mes obligations de préfète, quand même, je te rappelle... Enfin après, tu vas me dire que veiller sur toi en fait partie vu que tu es blessée, c'est ça? Mais quand même, faudrait pas non plus que tu trouves ça trop plaisant, parce que bon, c'est quand même assez limite comme situation, ça, non...?"

Manifestement, Deryn se perdait en conjectures à propos de ce repas, ne sachant manifestement pas quelle bonne décision prendre, et confiait ses pensées à Nayla à ce sujet. Il était évident qu'elle était systématiquement tiraillée par plusieurs réalités, et que les conflits d'intérêts rentraient souvent en contact, ces derniers temps. Cela ne l'empêcha pas, malgré tout, de relever la dernière pique de Nayla, à laquelle elle répondit assez abrupte.

"Hé! Pourquoi à la manière d'un prince charmant? Moi aussi je suis une "princesse", hein, ne l'oublie pas! Jamais je ne saurai me comporter comme ça, tu devrais le savoir."

Cela sonnait un peu bizarrement quand on y réfléchissait, mais c'était encore une fois sortie tout naturellement de la bouche de Deryn : jamais ô grand jamais elle ne se considèrerait comme un "prince" de qui que ce soit.

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Douche froide


Certaine que son idée serait bien prise par Deryn de manger ensemble en salle d’études afin de poursuivre leur travail, Nayla s’était pris une sacrée douche froide de voir comment le concept mettait Slughorn mal à l’aise. Même si, depuis le temps, Drew aurait dû s’habituer à cette distance que sa meilleure amie lui imposait dès qu’elles n’étaient plus seule à seule, l’air qu’elle arborait sur le coup lui serrait chaque fois le cœur. Puis, évidement, elle oubliait tout, dès seulement que la Serpentard lui souriait, parce qu’elle était comme ça…

La née-moldue était simplement incapable d’accepter que leur relation soit si «limite» justement, aussi, même si elle hocha la tête à l’affirmative, elle ne pensait pas cet accord qu’elle venait de donner, et ça se voyait dans son air abattu. Les jeux des sangs purs étaient juste trop complexes pour elle, qui aurait voulu pouvoir aimer tout le monde en tout temps ça que ça ne cause de soucis. La deuxième réaction abrupte de Deryn n’aidant en rien, surtout que Nayla ne croyait que rigoler en l’appelant «prince» et qu’elle ne s’était pas imaginée qu’elle prendrait le mot au pied de la lettre, l’adolescente perdit vite ses moyens. Et pour elle, cela signifiait bredouiller, baisser les yeux, rougir et peiner à retenir ses larmes.

-C’était… c’était juste une… une image. Une métaphore. Tu as eff… effectivement plus l’allure d’une prin… princesse que moi en tout cas… s’embourba-t-elle dans ses propos en pressant le pas pour rejoindre la grande salle sans oser regarder Slughorn. Bon, je vais rentrer d’abord alors, question… que pas trop de monde nous voit ensemble. À… à tout à l’heure alors?

Et elle avait pressé le pas pour s’exécuter, se précipitant vers sa table sans oser regarder en arrière, ne voulant pas que son amie se rende compte que ses mots l’avaient secouée d’avantage qu’ils ne l’auraient dû. De toute façon, il ne lui fallut pas bien longtemps pour retrouver le sourire et oublier sa peine. Comme une balle, elle rebondissait rapidement lorsqu’elle était correctement stimulée. Ses copines de maison s’étaient empressées de l’entourer pour qu’elle leur raconte sa mésaventure avec le cognard, mettant sur le compte de la douleur ses grands yeux humides, personne ne s’était douté de quoi que ce soit. Quelques autres cinquième années, rouges et bleues, s’étaient jointes à la conversation, oubliant les barrières invisibles de leurs tables pour s’enquérir de l’état de leur collègue de classe.

Ce n’est qu’après plusieurs minutes que Nayla osa tourner la tête vers la table des Serpentard, mais elle rebaissa bien vite les yeux sur son assiette, l’air fautive. Elle ne s’était pas attendu à croiser le regard de Deryn, par conséquent, elle ne savait pas trop quoi penser de l’expression qu’affichait celle-ci.

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Évidemment, alors que Deryn cherchait une solution, Nayla sembla très mal prendre ses hésitations, et les lui renvoya littéralement à la figure. Elle n'eut même pas le temps de répondre à quoi que ce soit que la Poufsouffle s'était déjà enfuie de la salle. Au moins, une décision avait fini par être prise, ce qui était déjà ça. Mais pourquoi Deryn trouvait tout de même, malgré tout, qu'il s'agissait vraisemblablement de la moins bonne des solutions possibles?

Rejoignant à son tour la grande salle à pas vif, Deryn était d'une humeur massacrante. D'ailleurs, ceux qui la fréquentaient depuis déjà quelques années surent immédiatement à quoi s'en tenir et se tinrent à l'écart de sa colère, tant et si bien qu'il y avait une sorte de chape de silence qui l'entourait. D'ailleurs, très héroïquement, toutes les élèves "âgés" l'avaient pour ainsi dire fui, préférant se regrouper entre eux à un autre endroit de la table, envoyant au casse-pipe seulement les jeunes Serpentards, qui, de fait, n'en menaient pas large à côté d'elle.

Deryn bouillait de plus en plus, et se refusait de regarder en direction de la table des Poufsouffle, pour éviter d'avoir envie d'envoyer des sorts dans tout les sens. Mais cela ne l'empêchait pas le moins du monde de continuer à monter en pression, et, pour ainsi dire, elle avala son repas à une vitesse extrême, avant de se mettre à faire les 400 pas dans la grande salle et de se mettre à surveiller tout le monde - et d'aboyer sur n'importe quel élève un peu indiscipliné. Cela ne manqua pas, elle finit bien entendu par se faire embarquer par deux préfets plus vieux qu'elle, manu militari, l'enjoignant manifestement à se calmer. Et si Deryn finit par s'assigner à la tâche de faire circuler dans un ordre à peu près correct les jeunes élèves à la fin du repas, on ne pouvait vraiment pas dire qu'elle affichait une mine moins sinistre.

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Réputation


-Si c’est qu’une question de reprises de notes, je vais te passer les miennes Nayla, tu le sais bien. Qu’importe ce qu’en disent les profs’, préfète ou pas… on est toutes capables de t’aider à te rattraper, hein, c’est qu’une petite journée que tu as manqué! lui proposait une collègue de classe de sa maison dans un élan de générosité en ayant remarqué l’air abattu qu’affichait Drew alors qu’elle avait terminé de manger et se devait de retourner à la salle d’études.

-Ouais, t’façon j’ai jamais compris pourquoi tu t’forçais tellement à la compagnie de Slughorn… marmonna une voisine de la table rouge, également de son année. Surtout vu la façon qu’elle te traite souvent…

-Hé! Mais... ne put-elle s’empêcher de la défendre. Mais Deryn n’est pas méchante du tout, elle est… elle est juste… heu…

S’empourprant, Nayla réalisa qu’elle était incapable de mettre un mot qui pouvait justifier les comportements de sa meilleure amie à son égard. Mais elle l’aimait malgré tout, c’était plus fort qu’elle, et puis elle essayait de comprendre ses raisons. De toute façon, dans l’intimité, Deryn n’était pas aussi dure avec elle qu’en public…

-Elle est juste en train de faire sa petite supérieur encore et emmerder tout le monde… Hé! Génial! Regardez les filles, elle se fait remettre à sa place par des préfets plus âgés, haha, bien cherché!

Se levant subitement en rougissant bien que ne sachant pas quoi dire pour défendre les actes de Slughorn, Drew bredouilla quelques propos incompréhensibles, s’empara de son matériel d’études et traversa la salle pour se diriger timidement vers la table des verts, de laquelle elle garda une distance bien calculée. Deryn était en train d’organiser la sortie disciplinée des jeunes élèves de la Grande Salle, clairement toujours en colère, si bien que Nayla tergiversa longtemps à s’approcher et risquer de la «déranger», s’attirant trop vite les quolibets de quelques élèves plus vieux qui traînaient encore.

-De.. Deryn on… retourne étudier? Tu… vas encore m’aider avec mon rattrapage? Si t'as... encore le temps... questionna-t-elle prudemment, s’assurant ainsi que ceux qui entendraient n’allaient pas se faire de fausses idées et ruiner la réputation que Slughorn s’échinait tant à bâtir. Mieux, ils allaient même s’imaginer que, comme toute «sang-de-bourbe», selon leurs idéalisations à eux, Drew était trop nulle pour réussir à l’école de façon autonome. Heureusement, sa propre réputation, la Poufsouffle n’en avait rien à cirer, c’était pour son amie que ça avait de l’importance, pas elle.

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Évidemment, quand Nayla vint l'attendre non-loin pendant qu'elle disciplinait les troupes, Deryn ne manqua pas de la remarquer, bien qu'elle ne lui fit pas de signe quelconque pour le moment. Toutefois, de manière évidente, Deryn semblait un peu moins tendue, et si elle faisait les gros yeux à ceux qui se permettaient de faire une remarque à Nayla en pensant, voire, parfois, pour ceux qui en rajoutaient un peu trop, un signe qui sous-entendait clairement qu'ils allaient avoir un rapport sur la tête pour leur comportement, elle n'avait plus tout à fait à l'air d'être sur le point d'exploser à la figure de la première personne qui se comporterait mal. Et quand, enfin, Nayla vint lui adresser la parole, Deryn la regarda d'un air pensif, avant de finir par répondre presque sur un ton conciliant.

"Oui, je suppose qu'il le faut bien."

Oh, bien sûr, elle aurait très bien pu rajouter une remarque sur le fait qu'elle avait "encore" besoin d'aide, histoire de faire sourire ses camarades Serpentard au passage par le sous-entendu, mais elle n'en fit rien. Mieux, même, quand un élève de 6e année en suggéra l'idée, Deryn le reprit assez sèchement.

"Tu peux bien parler, toi qui n'a pas été fichu de valider plus de 4 BUSEs l'année dernière. Tu ferais mieux d'apprendre à manier ta baguette à l'endroit plutôt que de discourir sur les forces et faiblesses des autres."

Ce qui, bien sûr, ne manqua pas de faire ricaner contre la cible de sa plaisanterie pleine de sous-entendu et d'évènement passés que Deryn venait de remettre en avant, histoire de bien le sécher.

Enfin, une fois tous les élèves sortis de la salle, Deryn se tourna enfin vers Nayla et, sans mot dire, hocha simplement la tête et lui attrapa la main. Toutefois, elle ne sembla pas prendre la direction d'une salle de cours, mais bien des jardins de Poudlard, dans laquelle Deryn finit par s'arrêter, une fois à priori aussi seule que possible.


"Je me suis dis que pour ce que l'on a à faire, on sera tout aussi bien dehors plutôt qu'enfermé dans une salle."

Regardant à nouveau Nayla, Deryn lui sourit à nouveau, cette fois, avant de rajouter simplement.

"Tu vois, là, on commence déjà à bien voir les étoiles. C'est quand même plus agréable."

Bien sûr, Deryn songeait d'abord et avant tout aux derniers cours que Nayla avait à rattraper, à savoir les cours d'astronomie.

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La lueur de la lune


La tactique de Nayla avait semblé porter fruit, puisque Deryn ne fut pas victime de quolibets de la part de ses collègues de maison, mais plutôt elle. Heureusement, elle était maintenant habituée. Ça ne l’empêcha pas de redevenir un peu guimauve lorsque Slughorn rabaissa un élève plus âgé lorsque celui-ci avait osé saisir la perche pourtant volontairement tendue par Drew, à savoir commenter qu’elle était trop nulle pour réussir sa scolarité seule. Le propos du garçon ne l’avait même pas embêté, elle s’était préparée à ça, avait même levé bien haut au-dessus de son cœur les murailles qui le protégerait en supposant que son amie pouvait, pour cacher l’affection qu’elle lui portait, faire ce genre de remarque par elle-même… mais elle ne l’avait pas fait, et rien que pour cela, la Serpentard était déjà toute pardonnée pour sa dureté précédente.

Suivant le courant des élèves qui quittaient la salle, s’éloignant de la table verte qui l’intimidait tant, Nayla se sentait redevenir elle-même. Et quelque part, elle voyait que Deryn aussi, reprenait les nuances qui lui plaisaient, et qu’elle aimait tant. Lorsque sa meilleure amie lui saisit la main, Drew sut que, une fois de plus, leur accrochage était enterré et elles étaient prêtes à passer à la suite. Elle se laissa donc simplement aller à suivre Slughorn, savourant son contact, jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elles n’allaient pas vers les salles du premier étage. Elles se trouvèrent plutôt un coin isolé de la cour intérieur. Le genre d’endroit où se cachaient parfois des amoureux afin d’échanger un peu de salive entre deux cours quoi.

-Mais… bredouilla Nayla.

Elle se fit toutefois interrompre par une Deryn qui n’avait rien deviné de son trouble et lui expliquait simplement, avec un sourire à lui mettre les jambes en coton, qu’elles seraient mieux à l’air frais qu’enfermées pour travailler. D’ailleurs, la pénombre avait commencé à tomber, leur permettant de voir un peu les étoiles. Du coup, bientôt, elles pourraient se pencher sur le devoir d’astronomie.

-Mais t’as pas peur que si… des gens nous voient cachées ici…

Bon, elles n’étaient quand même pas si mal cachées, mais ce n’était en rien une cape d’invisibilité non plus, et même s’il n’y avait personne à portée de vue maintenant, rien ne leur garantissait qu’il n’y aurait pas des passants dans les prochaines minutes.

-Qu’ils pensent… qu’ils trouvent qu’on ait l’air d’être là pour… pas travailler?

Bien que ne comprenant pas trop pourquoi cette simple possibilité lui revirait autant l’estomac (ce qui n’est pas sympa après avoir mangé), Nayla se sentit stupide de poser la question et songea qu’elle aurait dû s’abstenir. Deryn tenait tellement à sa réputation, elle ne voudrait quand même pas que qui que ce soit s’imagine… qu’elles étaient un couple, non? S’emparant de ses notes d’astronomie pour comparer la dernière carte du ciel qu’elle avait eu le temps de faire la semaine dernière, avec celle que son amie avait fait dans le dernier cours, Drew fit mine de se perdre dans l’étude malgré ses joues qui avaient rougies. La vérité c'était qu'elle était ravie de profiter de la vue des étoiles toute seule avec Slughorn, ce qui n'était pas le cas dans une classe bondée. Adorant l'astronomie, dont elle avait même rejoint le Club par plaisir, la Poufsouffle avait pourtant l'impression, ce soir, que la lueur de la lune donnait à l'ambiance un petit quelque chose de pas tout à fait innocent.

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Peut-être était-ce idiot, mais Deryn, qui entendait les hésitations de Nayla à propos de leur installation à l'extérieur pour observer les étoiles, n'avait pas du tout l'air de percuter où celle-ci voulait en venir. Il fallait dire aussi que Deryn n'était déjà pas tout à fait au clair avec ses propres sentiments et émotions, qui passaient leur temps à la tirer à hue et à dia, pour commencer en plus à devoir réfléchir aux implications de ses décisions concernant ce qui pouvait désormais être considéré comme romantique ou non. Tant et si bien que Deryn lui répondit d'un ton quelque peu étonné et interrogateur.

"Depuis quand l'avis des autres pèsent autant pour toi, d'un coup, Nayla? En plus, je ne vois pas le problème, on est là pour travailler de toute façon. Et puis même si on venait ici pour autre chose que pour travailler, en quoi cela serait gênant?"

En effet, Deryn ne voyait pas du tout en quoi le fait de simplement profiter de la tombée de la nuit pour se reposer au clair de la lune et profiter du spectacle avec sa meilleure amie avait quelque chose de gênant. Bon, au pire, il valait mieux qu'elles murmurent entre elles pour ne pas trop se faire remarquer et ne pas déranger ceux qui viendraient simplement pour admirer le spectacle ou pour travailler, bien sûr, mais de toute façon, n'est-ce pas toujours comme ça dans les salles d'études?

Sortant, de fait, leurs affaires d'astronomie, Deryn nota bien vite que Nayla était quelque peu perdue, et cela la fit rire gentiment.


"Ah ah! Toi aussi tu es paumée sur la carte, alors? Je me demandais si tu allais t'en rendre compte. En fait, il ne faut pas perdre de vue que la voûte céleste, elle bouge au cours du temps. Donc en fait il faut calculer d'abord le mouvement de rotation pour pouvoir retrouver ses repères. Ne t'inquiètes pas, la prof nous a fait le même piège au dernier cours, et la plupart des élèves ne s'en sont pas rendus compte dans l'immédiat, voire pas avant qu'on ne le leur mette pile sous le nez. Attends, regarde. Si tu t'appuies sur cette constellation, là, et que tu regardes maintenant dans le ciel, tu vois qu'en fait elle a bougé. Et en calculant l'angle de cette étoile par rapport à celles-ci, tu peux ainsi voir que le mouvement est de 3,5 degrés par rapport à la carte. Donc voilà, tu vois? Hop, ça y est, on retrouve Cassiopée ici."

Ce faisant, Deryn s'était beaucoup rapprochée de Nayla, se collant presque à elle, pour pouvoir lui montrer du doigt chaque petit détail, que ce soit sur sa carte ou dans le ciel. Et, bien sûr, Deryn parlait doucement, pour ne pas faire trop de bruitss, et avec un certain plaisir dans la voix. En effet, celle-ci se sentait le coeur léger ce soir. Elle aimait bien partager ce petit moment avec sa super meilleure amie qui faisait de gros efforts pour elle - cela ne le lui avait pas échappée. Et puis elle aimait aussi beaucoup regarder le ciel et les étoiles, cela avait quelque chose de tellement... Apaisant, tout ce silence, et le fait de ne plus avoir besoin de penser à autre chose que le moment présent.

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Ce qu’on pourrait penser de toi


L’air étonné et interrogateur de Deryn était le miroir de l’expression de Nayla. L’envie de lui demander depuis quand l’avis des autres ne lui pesait plus à elle, plutôt que de répondre, se fit poignante, mais elle se retint. Visiblement, Slughorn n’avait pas saisi ce à quoi elle faisait allusion. Elle n’avait probablement jamais remarqué à quel point les lieux étaient souvent utilisés pour se bécoter discrètement. Tant mieux, en fait, et Drew se garderait bien de lui faire comprendre ce qui l’inquiétait tant… elle n’avait plus du tout envie de retourner en salle d’études, préférant de loin ce moment discret et calme avec sa meilleure amie à la stérilité d’un local.

-Je ne me suis jamais souciée de ce qu’on pense de moi, affirma-t-elle en haussant les épaules, replongeant dans sa contemplation de ses notes. Seulement de ce qu’on pourrait penser de toi.

Parce qu’elle avait toujours eu peur de cette ombre sournoise qui planait sur leur relation. Du risque que la Serpentard décide de l’abandonner et ne plus lui adresser la parole si les mauvaises langues décidaient de se mettre sur leur compte. Perdue dans ses pensées, cachant son teint rougit par ses cheveux courts lorsqu’elle penchait la tête sur les papiers de notes, la Poufsouffle eut un léger sursaut en entendant son amie rire. En fait, elle n’était pas du tout confuse par ses notes… elle ne les avait juste pas vraiment lues, prétendant le faire alors que son esprit était ailleurs. Nayla se laissa toutefois ramener à la réalité par les explications de Deryn de bon gré, sachant qu’elle était mieux de rester bien ancrée sur terre pour mieux comprendre ce qui se passait dans le ciel.

-Oui, je vois… chuchota-t-elle en suivant le fil des explications de Slughorn avec difficulté.

Elle avait pourtant été parfaitement à l’aise dans sa proximité un peu plus tôt, mais voilà que maintenant, alors que Deryn s’était rapprochée pour lui montrer les détails à relever, Nayla avait senti son estomac se renverser. Ce qui n’était pas tout à fait sain tout de suite après avoir mangé. Pourtant, elle ne détestait pas la sensation, peinant juste à comprendre exactement ce qu’il lui arrivait.

Déjà, alors qu’elle était généralement fascinée par le mouvement des étoiles et ses effets, la Poufsouffle peinait à se concentrer sur ce que lui racontait la Serpentard. Ce qui était particulièrement étrange venant d’elle, parce que, en temps normal, elle aurait très bien pu rattraper la matière toute seule et sans explications, comme elle l’avait fait pour les notes de potions, l’astronomie étant une autre classe qu’elle ne maîtrisait pas trop mal.

-Donc… il suffit de repartir de ce point… bredouilla-t-elle d’une voix très basse, et suivre le même angle de déplacement et… ah oui, j’ai… tout compris. Bon il ne… sera pas très difficile à faire, ce devoir. On s’y met tout de suite?

Deryn s’était tellement rapprochée d’elle que, lorsqu’elle tourna la tête, elle failli la frôler avec son nez. De fait, les deux s’étaient mises à chuchoter de sorte de ne pas dérangé les autres autour, et c’étaient donc penchée l’une sur l’autre pour pouvoir s’entendre. Les joues de Nayla s’embrasèrent à nouveau, sans qu’elle ne saisisse trop pourquoi, en constatant à quel point elles étaient proches l’une de l’autre. Mais en croisant le regard de son amie, Drew la vie si légère et radieuse qu’elle se sentit bien vite branchée sur la même longueur d’ondes qu’elle, et en oublia de s’inquiéter. Ou de se poser des questions auxquelles elle n’avait pas les réponses de toute façon. Simplement, elle lui rendit son sourire.

-Ça c’est la Deryn que j’aime, lâcha-t-elle sans réfléchir sur d’où lui venaient les mots, ne pensant pas, sur le coup, à une signification plus profonde que la simple affection d’une amie.

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Quand Nayla lui confia qu'elle se fichait bien de ce qu'on disait d'elle-même, mais qu'elle s'inquiétait plutôt des choses que l'on pouvait raconter sur ce qu'on pouvait raconter sur son dos, à elle, Deryn regarda un instant Nayla d'un air indéchiffrable. En réalité, cela la remuait un peu qu'elle s'inquiète autant pour elle, même si du point de vue de Deryn, ce n'était pas forcément justifié. Et elle le lui expliqua donc doucement.

"Il ne faut pas que tu t'inquiètes trop pour moi... Pour ce qui est de ma propre réputation, j'arrive à la gérer, il n'y a pas de soucis. Simplement, je ne voudrai pas que toute cette pression te retombe dessus, tu comprends?"

Le mot de "pression", qui lui était venu naturellement, correspondait vraiment à ce que Deryn ressentait : une forte pression qui s'appuyait sur ses épaules, pour devoir réussir à tout gérer, tout faire mieux que tout le monde, et le tout tout en gérant tout ce qu'elle pouvait bien ressentir. Ca n'avait rien de facile, et, finalement, le fait de devoir en plus protéger Nayla n'y changeait pas grand chose : elle ouvrait simplement son parapluie de manière un peu plus grande. Et jusque-là, sous prétexte d'interdire de s'en prendre aux "Moldus-Nés", voire de "donner l'exemple en les aidant à s'en sortir", elle avait plutôt bien réussi son coup.

Le temps passait et les deux jeunes filles avançaient bien dans leurs devoirs quand Nayla lui sortit sa phrase sur "sa Deryn qu'elle aimait". Un peu interrogatrice sur cette façon de dire les choses, Deryn ne s'en formalisa guère et lui répondit par ce qui lui paraissait le mieux correspondre à la situation ressentie.


"Moi aussi j'aime beaucoup être avec toi dans ces moments-là, tu sais".

Tout d'un coup, Deryn entendit une sorte de gloussement féminin provenir d'un buisson, non-loin. Évidement dans l'obscurité elle ne voyait pas très bien ce qui se passait. Que pouvait donc encore faire des élèves à l'extérieur à cette heure-ci, si ce n'est pas pour travailler l'astronomie?

"Tu as entendu? On dirait bien une sorte de gloussements, non?"

En tant que préfète, elle se devait d'en avoir le cœur net. Aussi, sortant sa baguette de sa manche, Deryn s'accroupit et fit signe à Nayla de ne pas faire de bruit.

"Attends, je vais voir ce qu'elle fiche ici, je règle ça et je reviens."

Deryn était visiblement très loin d'imaginer ce qui pouvait bien se passer derrière ces buissons.

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Ce qu’on pourrait penser de toi


Pendant un long instant, Nayla aurait voulu que le temps s’arrête de tourner, et que leur entretient à la lueur des étoiles dure éternellement. Les mots que Deryn avait prononcés lui avait fait le plus grand bien. C’était devenu tout chaud dans son cœur, et vraiment confortable dans leur cachette. Qu’elles soient en train de bosser un devoir n’enlevait rien à son bonheur, parce que, de toute façon, elle adorait l’astronomie. C’était donc un peu comme partager une passion avec une personne qu’on apprécie beaucoup.

-Je sais… mais ça fait toujours plaisir à entendre, lui chuchota-t-elle toujours sur le même ton, un léger sourire au coin des lèvres.

Puis, bientôt, elle perçut ce qu’elle redoutait un peu que Slughorn découvre depuis un moment. Visiblement, son amie avait aussi entendu le gloussement, mais au contraire de Drew, elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait bien faire glousser une élève dans le parc. La Poufsouffle, elle, pour avoir quand même plusieurs sœurs plus âgées qu’elle, n’était plus aussi innocente qu’elle en avait l’air. Certes, elle-même n’avait jamais fricoté avec personne, mais ça ne l’empêchait pas de se douter qu’il y avait des mains qui se baladaient à des endroits secrets dans une autre cachette comme la leur.

-Oh, il n’est pas nécessaire de déranger pour… ah…

Nayla avait voulu freiner son amie dans sa recherche et la garder auprès d’elle, mais la préfète qu’était désormais Deryn avait besoin de vérifier de quoi il retournait, du coup, elle était déjà partie sans qu’elle ne puisse l’en empêcher. S’empourprant, Drew fit mine de s’attarder à son devoir, mais ses joues rouges témoignaient qu’elle entendait trop bien les rires, les exclamations, puis la fuite des jeunes gens pris sur le fait par une cinquième année qui… visiblement… ne savait pas sur quoi elle allait tomber en fouinant comme ça.

-Tu ne savais pas que… ça se bécote souvent à cette heure-ci dans le parc, hein? murmura-t-elle en rougissant amplement au retour de son amie. C’est heu… non, en fait, à toute heure du jour, je crois. On est dans… le coin des amoureux là.

Et puis, le ciel est beau, nécessairement, les petits couples doivent trouver l'ambiance... intéressante.

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Jamais rien n'avait préparé Deryn à ce qu'elle découvrit alors. Et ce qu'elle vit cela la laissa... laissa... Pantoise. Mais qui aurait pu penser découvrir une chose pareille entre deux élèves de Poudlard, le soir, caché dans les buissons? Pas Deryn en tout cas. Tant et si bien que lorsqu'elle retourna auprès de Nayla, elle avait encore l'air... Sous le choc, comme hébétée. D'ailleurs, elle se laissa plus tomber par terre qu'elle ne s'assit vraiment à côté de son amie.

"C'était... C'était... Je n'aurai jamais cru voir ça ici. Je... Je ne m'y attendais vraiment pas."

Aussi, quand Nayla lui apporta quelques éléments de réponses, Deryn ne s'en montra pas moins choquée. Quoi? Alors Nayla était au courant de ce qui se tramait ici? Elle aurait pu le lui dire, quand même. Non pas qu'elle aurait pu y faire quelque chose de plus, bien sûr... Mais elle se serait peut-être moins... Approchée, on va dire. Ou elle aurait fait le tour des lieux avant de s'y installer, en somme.

"Oh... Je vois. Non, je l'ignorai. C'est... C'est pas le genre de choses auxquelles je m'attendais. Vraiment pas."

Quelques secondes passèrent encore avant que Deryn finisse par percuter sur un détail que Nayla lui avait dit auparavant, en début de soirée, lorsqu'elle l'avait invitée à s'installer ici - et elle tourna à nouveau mécaniquement la tête vers sa meilleure amie, prenant un air à nouveau choqué.

"Attends... Donc tu veux dire que tu le savais, toi? Et... Et que... Donc... Quand tu parlais de... De croire qu'on pourrait croire que... Qu'on pourrait faire autre chose que bosser... Tu voulais entendre... Ca? Non, quand même pas, hein! Si?"

Deryn regardait Nayla et s'empourpra immédiatement à cette idée. Elle savait bien que Nayla se fichait bien de sa propre réputation, mais quand même! Ca lui paraissait tellement... Tellement frivole comme situation! Allait-on dire désormais que Nayla avait tentée de l'embrasser? Ca lui paraissait tellement difficile à accepter comme rumeur que Deryn ne sût qu'en penser sur le moment. Et le fait qu'on pourrait aussi tout aussi bien retourner cette idée de rumeur dans l'autre sens ne lui avait pas encore traversé l'esprit.

"Désolée... J'ai eu tord de t emmener ici. Pour ma défense je ne savais vraiment pas pour tout çà."

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Idée saugrenue


L’air hébété de Deryn aurait été presque comique s’il n’avait pas été si sincère. Nayla s’en voulu l’espace d’un instant de ne pas avoir insisté pour la retenir et lui expliquer vraiment de quoi il retournait, mais elle était toujours tellement timide lorsqu’il était question de parler de ces choses-là. Oh, ces sœurs avaient bien essayé de la désensibiliser à « la conversation », mais ça lui semblait toujours étrangement tabou. Surtout que, de toute façon, aussitôt qu’il était question de garçons, la jeune Drew devenait complètement perdue!

Donc, lorsque Slughorn lui avoua qu’elle n’avait vraiment pas envisagé tombé sur un truc pareil, la Poufsouffle était partagé entre le rire et l’embarras, et se contenta donc d’une grimace de sourire nerveux qui ne voulait pas dire grands choses. Puisqu’elle était déjà rouge pivoine, son air ne changea guère lorsque, finalement, Deryn comprit ce à quoi elle avait fait allusion un peu plus tôt en s’inquiétant que des personnes puissent s’imaginer qu’elles faisaient autres choses que travailler. Visiblement, cette seule idée rendait son amie aussi mal à l’aise que Nayla!

-Hum… oui, je savais. C’est le genre de trucs… que tu remarques quand tu as sept sœurs aînées… marmonna-t-elle en regardant partout sauf en direction de la Serpentard. Personnellement, ça me sautait aux yeux chaque fois que j’en croisais qui… ne se cachent pas toujours très bien, mais c’est normal que toi… t’es pas tellement fait attention, t’es pas habituée à en voir à chaque été, hein?

C’est qu’avec seulement deux cadets, Deryn n’avait probablement pas eu d’exemples d’adolescents découvrant les joies de l’amour à surprendre accidentellement! Sentant le regard de son amie qui pesait sur elle, Nayla se retourna lentement vers elle, et ne fut qu’encore plus embarrassée en constatant qu’elles étaient aussi rouges l’une que l’autre. Ça lui faisait un drôle d’effet de parler d’amour avec sa meilleure amie, même si, en toute logique, elle devrait être la première à qui elle s’ouvrirait à ce sujet, lorsque l’occasion se présenterait. Secouant énergiquement la tête, Drew interrompit les excuses et la défense de Slughorn de l’avoir entraînée dans cet endroit.

-Mais… t’en fait pas avec ça, c’est pas grave, c'était à moi de te le dire et… je veux dire, on est entourées de matériel scolaire, on travail, c’est évident, personne ira penser qu’on… qu’on était en train de… se bécoter comme les autres quoi, voulut-elle la rassurer en montrant d’un geste de la main leurs devoirs. Puis c'est pas qu'un coin exclusivement réservé aux amoureux, là! C'est juste... heu... pas inhabituel de tomber sur... enfin...

Pourtant, l’espace d’une seconde totalement confuse, Nayla s’était demandé vaguement ce que ça lui ferait d’embrasser Deryn, mais elle avait vite chassé cette idée saugrenue. C’était probablement la fatigue, ou encore la confusion causée par sa médication pour la douleur, qui lui faisait venir de telles pensées. Pourtant, elle ne pouvait nier être déçue que leur proximité de tout à l’heure, lorsqu’elles penchaient toutes les deux sur leur devoir en se collant pour chuchoter, lui manquait affreusement, maintenant. Mais, certainement que Slughorn n’allait plus vouloir prendre le risque d’être surprise aussi près de Drew dans un endroit pareil!

-D’ailleurs… euh… il faudrait le terminer, ce devoir, pendant qu’on a encore le temps, non? Le couvre-feu ne doit plus tarder maintenant, et je me suis jurée de ne plus te garder illégalement hors de ton dortoir la nuit, précisa Nayla avec un petit sourire moqueur en repensant à leur aventure de la rentrée.

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Les explications de Nayla était sans doute logique : entourée de tout un tas de Moldus, dont des sœurs aînées, forcément que Nayla avait de l'expérience à ce sujet. Elle lui expliquait même qu'en réalité, c'était quelque chose de très courant, ce genre de choses, dans les murs de Poudlard. Pourtant, jusque-là, Deryn était quasi-complètement toujours passée à côté sans s'en rendre compte.

Il n'y avait d'ailleurs pas que ça qui chamboulait un peu Deryn. En effet, Nayla avait l'air d'en connaître un rayon sur le sujet, en réalité. Sur tout ces sujets romantiques, là. Chose sur laquelle Deryn était à peu près au niveau zéro. Cela sous-entendait-elle donc que Nayla aurait déjà eu quelqu'un? L'idée lui brûlait l'esprit, mais Deryn se fit une raison : non, elle le lui aurait dit, quand même. Ce n'est pas comme si elle aurait osé lui cacher une chose pareille... N'est-ce pas? Mais est-ce que Nayla "comptait" les expériences Moldus? Deryn n'en était pas trop sûre, aussi finit-elle par lui poser la question.


"Non, effectivement ce n'est pas trop le genre de choses qu'on voit chez les sorciers habituellement... Mais chez les Moldus, sans doute beaucoup plus. Du coup, tu veux dire que toi... Tu t'y connais aussi un peu en la matière, non?"

La question était bien entendu dite d'un ton maladroit et embarrassé, mais elle avait tout de même réussi à la poser en la regardant plus ou moins dans les yeux. Elle ressentait le besoin de le savoir. Et même si Deryn savait bien que Nayla avait un peu la trouille des garçons, ce n'était pas pour autant qu'elle était incapable de leur parler désormais. D'ailleurs ça venait peut-être de là, ses changements, non? Oh, quelle horreur, Deryn commençait déjà à se mettre cette idée et ces images en tête. Et c'était très désagréable et embarrassant.

Quant au fait d'être entourées d'affaires scolaires, Deryn haussa les épaules d'un air peu convaincu. De toute évidence, cela pouvait aussi très bien être interprété autrement, tout ça.


"Ou alors ils vont croire que c'est juste une mise en scène pour nous couvrir. Ca ne paraîtrait pas si idiot de tenter une manœuvre de ce genre."

Se sentant toujours déstabilisée et embarrassée, Deryn se contenta alors de hocher de la tête face à la remarque quant à quoi elles feraient mieux de terminer leur travail au plus vite et de rentrer avant le couvre-feu. Aussi, Deryn récupéra de son côté son matériel et commença à regarder la carte... Mais celle-ci ne lui parlait plus du tout, comme si tout lui glissait hors de l'esprit à cet instant. Tant et si bien que Deryn finit par soupirer et à poser la question qui lui trottait dans la tête depuis tout à l'heure et qui lui empêchait toute concentration, la formulant toujours sur son ton embarrassé..

"Mais... Dis-moi, Nayla... Tu crois vraiment qu'ils pourraient croire que... Qu'on... Enfin... Qu'on serait ensemble? Ca ne te paraîtrait pas... Bizarre, toi, cette idée?"

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Ce qu’il y a vraiment entre nous


Franchement, Nayla doutait que ce dont Deryn avait été témoin n’était que normal chez les moldus et non chez les sorciers, du coup il lui prit la soudaine envie de lui souligner que ceux qu’elle avait surpris étaient justement des sorciers, mais elle se retint. Depuis le temps, Drew avait appris qu’il valait mieux ne pas trop souvent rappeler à Slughorn que moldus et sorciers n’étaient pas si différents qu’elle le croyait! Tous humains, quoi… À vrai dire, l’adolescente était même parfaitement consciente que, pour leur âge… elle était un peu «en retard» vis-à-vis la moyenne quoi.

La question embarrassante de la Serpentard fit rougir au moins aussi follement la Poufsouffle, surtout qu’elles se regardaient dans les yeux au moment où l’interrogation maladroite était sortie. Pendant un instant, Nayla ne sut quoi répondre, se demandant si elle voulait vraiment savoir ce qu’elle insinuait là ou si sa question n’était que théorique.

-Bah… heu… pas vraiment… enfin pas au sens pratique quoi, tu sais bien… marmonna Drew d’un air totalement ahuri. C’est juste que… bon j’ai sept sœurs plus âgées alors… disons que la plupart étaient moins, comment dire, timide que moi à mon âge. Donc, quand je vois ces élèves à peine plus âgés que nous qui fricottent dans les coins sombre… ben… je me doute un peu de ce qui se passe. Ouais, en fait, je crois que je suis juste plus alerte à ce genre de trucs, question de pas… déranger les gens dans ces temps-là.

Visiblement, Deryn commençait à s’inquiéter, maintenant qu’elle avait découvert à quelles genres d’activités se prêtaient les élèves dans ce coin ci de la cours, que leur présence soit mal interprétée, venant même à ajouter que leurs devoirs ne les camoufleraient pas nécessairement si bien que ça. Elle ne s’opposa toutefois heureusement pas à terminer ce qu’elles avaient commencé, ce qui soulagea Nayla puisque, en vrai, elle n’avait aucun contre-argument à lui offrir pour invalider ses inquiétudes. Elle se désola seulement intérieurement que Slughorn faisait désormais plus attention à ne pas être trop dans « sa bulle » comme un peu plus tôt. Toutefois, la Serpentard semblait peiner à se recentrer sur l’astronomie, et Drew se doutait bien pourquoi. Aussi, les hésitations qui suivirent de la part de son amie ne l’étonnèrent qu’à moitié, bien que ça ne l’empêcha pas de rougir jusqu’aux oreilles. Heureusement, il commençait à faire un peu plus sombre, du coup, c’était moins évident à remarquer.

-Franchement Deryn… je ne sais pas ce que les gens pensent, ou peuvent penser… et tu sais… je m’en fiche un peu. Ouais, ils pourraient penser qu’on est un couple, ça ne serait pas impossible, on est souvent ensemble alors… et puis, en quoi ça serait si bizarre, en fait? Tu sais, à quinze ans, on ne serait pas les premières là… marmonna Nayla en se demandant pourquoi elle ne faisait pas juste s’insurger de la possibilité que sa meilleure amie puisse être, justement, autre chose que sa meilleure amie! Mais… enfin… ce n’est pas comme si ça comptait vraiment, ce qu’ils pensent, non? Toi et moi… on sait ce qu’il y a vraiment entre nous, qu’est-ce que ça change ce que les autres pourraient s’imaginer?

Sauf que justement, dernièrement, Nayla ne savait plus exactement ce qu’il y avait, entre elle et Deryn. Les termes « meilleures amies » s’étaient toujours imposés naturellement à elle, mais sans trop qu’elle ne sache pourquoi, ni comment, elle avait l’étrange impression que ça avait changé. Que ce n’était plus assez pour décrire leur relation, quoi!

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Deryn ressentit du soulagement quand Nayla lui confirma que non, bien sûr, elle n'avait jamais rien pratiqué de ce genre, même avec les Moldus. Il fallait dire que Deryn, malgré ses cours sur les Moldus, avaient encore d'énormes à priori sur les Moldus, les voyant plus ou moins comme des sauvages bien capables de se sauter les uns sur les autres à la moindre occasion. Au moins, Nayla était "civilisée", ce qui était une bonne chose. Peut-être du fait qu'elle est tout de même une sorcière, elle aussi. Malgré tout, Deryn se sentait tout de même un peu coupable de ressentir ce soulagement, et essaya de ne plus y penser... Jusqu'à ce qu'au détour de sa propre question sur ses inquiétudes, Nayla revienne pour ainsi dire à la charge.

"Pas impossible?" "souvent ensemble" de toute façon? Ca ne serait pas "si bizarre"? "On ne serait pas les premières"? "Toi et moi"? "On sait ce qu’il y a vraiment entre nous"? Plus Nayla en rajoutait, plus Deryn se sentait rougir, et finit par se sentir sur le point de défaillir tellement elle se sentait tourneboulée par ses simples mots, que Nayla avait l'air de lui lancer comme s'il s'agissait d'une conversation tout-à-fait normale. Au point que Deryn se sentit immédiatement mise en situation d'échec, et chercha donc à repousser tout cela au loin, histoire de reprendre un peu pied dans la réalité. De fait, elle prit alors un ton plutôt grognon, se prenant les tempes dans ses mains.


"Aaaah bon sang, pourquoi est-ce que tu compliques tout comme ça? Si tu avais voulu sortir avec moi, tu me l'aurais quand même dis, non? En plus tu dis toi-même que tu t'y connais énormément sur ce sujet, donc tu n'en aurais pas douté, si? Non c'est sûr, c'est trop stupide. On est... On est... Juste de très bonnes amies, n'est-ce pas, hein?"

Deryn avait clairement le sentiment qu'elle cherchait à nier ce qu'elle ressentait et à nier la réalité de la situation, mais c'était la seule clause de sauvegarde qui lui était venue à l'esprit : en rejeter la responsabilité à Nayla, et à elle seule, et la laissant gérer ce truc-là toute seule. Deryn, elle, avait plutôt envie de reprendre un grand bol d'air et de revenir à une situation qui ne lui donnerait pas l'impression de passer sa vie dans une montagne russe.

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Pas si stupide que ça


Embourbée dans ses propos, Nayla se rendit compte que, plus elle en parlait et s’imaginait être « autre chose qu’une amie » avec Deryn, moins cela lui semblait ridicule, en fait. Elle était quand même la personne au monde avec qui elle était le plus à l’aise. Mais elle n’allait quand même pas lui raconter ça, non? Après tout, ça ne voulait rien dire du tout! Les meilleures amies aussi, sont supposées être des personnes avec qui on se sent à l’aise, tout bêtement! Sauf que là, franchement, à cet instant, le malaise était plutôt gros. Ayant simplement parlé franchement, et pour répondre à la question que Slughorn elle-même lui avait posée, Drew ne s’était pas rendu compte qu’elle « compliquait les choses ». Au contraire, en fait, elle avait plutôt tenté de démêler tout ça quoi. Baissant les yeux, comme si elle était coupable de cet ambiguïté, la Poufsouffle se mit à gribouiller rapidement sur son parchemin, achevant enfin ce devoir qui ne l’intéressait plus autant depuis quelques minutes.

-Bah, c’est toi qui a demandé, Deryn… protesta-t-elle malgré tout mollement, pour la forme. Je… je n’aurais jamais pensé à ça si… t’en avais pas parlé d’abord. Je ne voulais pas compliquer les choses, je te jure!

Le point final ajouté à son devoir, Nayla constata que celui de son amie n’était pas près d’être terminé, celle-ci s’étant interrompu, visiblement trop troublée par la conversation. Et voilà que c’était elle qui se sentait mal d’avoir confus sa si chère amie! Est-ce qu’elle le lui aurait dit, si elle avait envisagé leur relation autrement qu’en amitié? Même maintenant, Drew n’en était pas certaine… après tout, elle n’avait encore jamais eu l’impression que c’était important de tomber en amour déjà! Du coup, elle ne s’était même pas posé la question. Sauf que là, clairement, elle se la posait, et les réponses qui lui venaient en tête la faisait rougir, elle aussi. Ce n’était pas faux qu’elle aimait beaucoup la proximité de Slughorn, après tout.

-Je ne sais pas… je suppose que oui? Mais de là à dire que je m’y connais « énormément » sur le sujet, tu exagère un peu Deryn! fit-elle mine de s’offusquer sans grande conviction. Faire la différence entre des étudiants qui font leurs devoirs sagement et d’autres qui se cachent pour s’embrasser, ah ça, oui je sais. En revanche, de là à dire que je suis capable moi-même de comprendre tous ces… trucs d’émotions et… je n’en sais rien moi, t’es mon amie, c’est tout. Ma meilleure amie, assurément, avait-elle ajouté, surtout pour rassurer Slughorn, quoi que la réponse la plus honnête aurait sérieusement été « la fille que j’aime le plus de toute l’école ».

Parce que, pour elle, la notion de couple avec sa meilleure amie n’était soudainement plus si « stupide » que cela. Mais, visiblement, elles n’étaient pas sur la même longueur d’ondes sur ce coup, et Nayla préférait ne pas continuer à s’enfoncer. Après tout, elle ne voudrait pas mélanger ses sentiments et ruiner son amitié avec Deryn pour si peu. Être son amie lui avait toujours suffit jusqu’à maintenant, ce n’était pas nécessaire de changer cela!

-Tu… heu… marmonna-t-elle en s’efforçant de reprendre une attitude à peu près normale. Tu veux que je t’aide pour finaliser tout ça et qu’on rentre se coucher?

N’importe quoi pour détourner sa meilleure amie de son trouble!

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Si la situation était encore assez confuse, au moins avaient-elles arrêté une position claire pour ce soir : oui, elles sont "juste" de très très bonnes amies, et rien d'autre. Rien d'autre du tout. Rien à voir avec ces gens qui sont venues ce soir se bécoter dans les buissons. Non, absolument rien à voir. Et il valait mieux en rire, ce que finit par faire Deryn, d'ailleurs, avec un rire un peu incertain, comme pour essayer de relâcher un peu la pression ressentie.

"Ah ah. Oui. Voilà. Juste de très très très bonnes amies, et rien d'autre. Qui voudrait être plus que ça de toute façon, hein? Qu'est-ce que cela nous apporterait de vouloir être plus que de très très très bonnes amies, hein? Et puis ce n'est pas comme si on allait envisager de passer notre vie ensemble non plus, hein? Après tout ça serait quand même compliquée comme situation."

Puis, tout en disant tout cela, Deryn se sentit tout de même un peu coupable, et essaya d'amortir un peu ses propos après coup.

"Non pas que je ne souhaiterai pas continuer à te voir après Poudlard, hein, bien au contraire, je suis sûre que ça continuera à me faire plaisir, surtout si tu deviens quelqu'un d'aussi important que moi dans le futur. Et puis on pourra toujours venir se voir sans trop de difficultés, ou même s'envoyer des informations entre nous, c'est facile à partir du moment où tu as un plein accès à la magie. Non, tu ne crois pas?"

Deryn se sentait un peu mieux, même si elle se sentait encore un peu mal à l'aise, bien consciente que sa tête a parlé bien plus que son propre coeur. Mais c'était juste... Déraisonnable, irréfléchie d'en vouloir plus, n'est-ce pas? Et puis, qui sait ce qui se passerait à l'avenir? Est-ce qu'elles seraient capables de se supporter si longtemps? Tout cela la tourmentait gentiment, et Deryn préférait ne pas y penser.

Reprenant son parchemin d’astronomie et ses affaires, Deryn fit non de la tête à la proposition de Nayla, tout en essayant de lui sourire gentiment.


"Non, ne t'inquiètes pas. J'aurai bien le temps de finir demain, et puis là je n'ai plus trop la tête à ça, ça ne sert à rien de se forcer pour écrire des choses que je déciderai finalement de modifier un peu plus tard. En plus il est vrai qu'il commence vraiment à se faire tard, et je voudrai pas avoir à te punir parce que tu n'as pas respecté le couvre-feu, hein? Allez, il vaut mieux que je te libère, pour que tu puisses retourner faire la fête avec tes amis Poufsouffle. Faudrait pas qu'ils se mettent à croire des trucs, genre je suis en train de te torturer pour te faire avouer tes pires secrets, hein?"

Deryn essayait bien entendu de plaisanter en mettant en balance les rumeurs plus ou moins tordues qui courraient sur les Serpentard et sur les Poufsouffle, mais il était tout de même très évident qu'elle s'y efforçait pour prendre un ton plus léger, pour donner le change suite à leur échange précédent.

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Tu m’adores en vrai


Même si revoir son amie rire et oublier ses tracas avait soulagé Nayla l’espace d’un instant, un petit pincement au cœur l’avait tout de même pris alors que Deryn sous-entendait que, de toute façon, elle ne comptait pas la fréquenter toute sa vie. Voulant avoir l’air de rien, Drew entreprit de rouler le parchemin de son devoir, dont l’encre avait séché, et le rangea soigneusement avec toutes ses autres affaires. Elle ne s’en sentait pas moins triste pour autant, quand bien même elle essayait de le cacher. Et le faisait mal, visiblement, puisque Slughorn s’était tout de suite reprise pour préciser qu’elles allaient bien peut-être se revoir après Poudlard quand même, enfin, si seulement la jeune Poufsouffle arrivait à être aussi « importante » qu’elle. Même si elle voulait y voir des paroles encourageantes et y fonder des espoirs, c’était toutefois bien difficile pour la petite jonquille. Après tout, elle n’avait pas particulièrement les grandes ambitions de son amie de se percher très haut dans la société, tant qu’elle arrivait à trouver une place qui lui correspondait à elle, et y être heureuse, cela lui semblait suffisant…

-Oui, bien sûr, répondit-t-elle tout de même avec peu de conviction. Ce sera facile de ne jamais vraiment se quitter. Enfin, si tu veux toujours de ma compagnie rendue là… ne put-elle s’empêcher d’ajouter dans un murmure déconfit, en se retenant de préciser « si je suis assez bien pour toi dans le futur ».

Disons qu’elle connaissait les standards très élevés de son amie en matière de fréquentations, et il lui arrivait même souvent de se demander pourquoi elle ne s’était pas encore lassée d’elle. Pas que Nayla s’en plaigne, loin de là, elle était évidemment soulagée de toujours avoir Deryn dans sa vie… mais le fait de risquer de la perdre semblait toujours lui pendre au-dessus de la tête telle l’épée de Damoclès.

Rassemblant elle aussi ses affaires, Slughorn signala à Drew qu’elle s’occuperait de terminer son travail le lendemain et sans aide, ce qui ne surprit pas la née-moldue outre mesure. Même dans les matières où Nayla excellait, il était rare que Deryn accepte ou (pire) demande son aide. La grosse tête des sangs purs probablement. La Poufsouffle tire donc un sourire légèrement forcé en réponse à celui de la Serpentard.

-Oui mademoiselle la préfète, je ne serai pas en retard, promis, inutile de déverser sur moi ton terrible courroux, se moque-t-elle gentiment en se redressant et secouant la saleté du sol de sur sa robe. Hé! Mais qu’est-ce que tu t’imagines-là, on ne fait pas la fête toute la nuit! On mange toute la nuit… rigola-t-elle enfin un peu plus franchement en poussant doucement sa copine sur l’épaule avant de s’extirper de leur cachette pour prendre la direction des Salles communes. Sauf ce soir, moi je m’écroule sur mon lit directement en arrivant, je suis crevée! Et de toute façon, personne ne s’imagine des horreurs pareilles sur toi voyons, tout le monde sait que tu m’adores en vrai!

Ah, voilà que la réplique lui avait échappée.

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Tout en se mettant en route et après avoir fait un geste permettant de lancer le sort "recurvite" sur Nayla et elle-même, les deux jeunes filles échangèrent des banalités du même genre tout du long - du moins jusqu'à ce que Nayla lui balance ce "tout le monde sait que tu m'adores", ce qui fit que Deryn s'arrêta pour regarder Nayla avec une forte acuité.

"Comment ça tout le monde dit ça?"

Marquant un léger silence, Deryn continuait à observer Nayla, et précisa de fait ses pensées.

"Non pas que ça ne serait pas vrai, hein. Bien sûr que j'adore être en ta compagnie, Nayla. Cela se comprend bien."

Malgré tout, Deryn reprit à nouveau son interrogation, répondant cette fois sur un ton beaucoup plus insistant, beaucoup plus tranchant.

"Mais c'est qui ce "tout le monde?" Et pourquoi pensent-ils ça?"

Prenant Nayla par les épaules et pour la regarder droit dans les yeux, Deryn se montra de plus en plus insistante sur cette question.

"Il faut que je sache vraiment qui c'est, ce "tout le monde", tu comprends? Que je comprenne bien qui est à l'origine de ce genre de rumeurs. Il ne faudrait pas que ça se répande de trop non plus."

En effet, Deryn craignait que cela finisse par lui retomber sur les épaules, voire soit utilisé contre elle, et par extension sur Nayla. Aussi c'était pourquoi elle insistait autant sur cette question, resserrant même légèrement sa prise.

"Du coup, alors. C'est qui ce "tout le monde"?"

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Celle que j'aime


Pourquoi avait-il fallu qu’elle dise un truc pareil et fiche tout en l’air encore une fois? Elles allaient bien là! Nayla avait réussi à détourner Deryn de sa confusion et elles rentraient calmement, en riant, en s’amusant. Puis, elle avait sorti une bêtise sans réfléchir et, une fois de plus, tout gâché… Dire que la Poufsouffle détestait voir son amie dans un état pareil était un euphémisme : elle se sentait toujours immensément coupable, comme si c’était uniquement de sa faute à elle si tout ne tournait pas toujours parfaitement rond entre elles.

-Heu… personne en particulier, Deryn, je ne sais pas pourquoi j’ai dis ça en fait… bredouilla maladroitement la demoiselle en rougissant.

Zut alors, maintenant, Slughorn était dans tous ses états et enserrait les épaules de Drew pour la forcer à faire face et l’interrogeait avec une telle insistance que cela déstabilisait complètement Nayla. Elle devenait toujours fragile et impressionnable lorsque Deryn prenait un tel ton, si tranchant, qu’elle se sentait vite sur le point de pleurer. Mais n’avait-elle pas assez pleuré, déjà, pour une seule journée? Et puis, son bras blessé n’aidait en rien… Même si la Serpentard n’appuyait pas du tout sur sa blessure, sa position devenait très inconfortable au niveau de son coude et de son avant-bras, plaqués contre son ventre.

-Ce… ce n’est p… pas vraiment une r… rumeur… marmonna difficilement Drew en se sentant bien faiblir.

Que Deryn ait pris la peine de préciser que « c’était vrai » qu’elle adorait sa compagnie n’aidant en rien à consoler Nayla, laquelle se sentait fortement blessée par la réaction si vive de son amie. Plus émotionnellement que physiquement, à vrai dire.

-C’est p… personne… je crois… Je ne pense pas vraiment… que quelqu’un a déjà… dit ça, tu sais? Je ne sais p… pas pourquoi j’ai dit ça, en fait. Les… les élèves de notre classe voient… bien qu’on est… heu… amie, je pense… c’est tout. Je voulais juste dire que… je ne crois pas que mes collègues de maison te voient comme le monstre de Serpentard que tu décrivais à la blague… pas vraiment du moins… C’est pas… mieux comme ça? Tu veux pas avoir… une réputation de fille sympa?

Mordant ses lèvres pour s’efforcer de réfléchir avant de parler, mais aussi pour forcer la douleur ailleurs que dans son bras blessé qui commençait à s’engourdir de plus en plus, Nayla avait vraiment l’air sur le point de pleurer.

-Tu… me fais un peu… mal là Deryn… Moi… moi en tout cas, c’est la Deryn sympa que j’aime, pas celle-là qui…

« S’emporte pour un rien » aurait été sa réplique, mais elle se mordit à nouveau la lèvre, décidant de cesser de s’enfoncer tout de suite.

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Evidemment, Deryn s'était un peu laissée emporter par ses émotions, et en voyant Nayla dans un tel état, Deryn la relâcha immédiatement, restant les bras ballants. Mais pourquoi tout était si compliqué, décidément? Elle entendait bien ce que disait Nayla sur son compte, mais cela ne lui plaisait pas du tout. Elle, une fille sympa? Non, ça ce n'était juste même pas envisageable. Et il fallu bien que Deryn le lui réexplique. Peut-être était-ce parce qu'elle s'était montrée beaucoup trop gentille ces derniers temps avec elle? C'est vrai que Deryn était beaucoup plus piquante auparavant, les années précédentes. Avait-elle donc perdue de sa verve? Deryn ne le pensait pas, pourtant, et chercha à lui expliquer sur un ton désabusé, sans jamais croiser son regard.

"Non, tu te trompes Nayla, je ne suis pas une gentille fille. Je suis mauvaise, méchante, piquante, redoutable, agressive, mordante. J'aime beaucoup faire en sorte que les autres me redoutent et aient peur de moi, car ça permet de mieux prendre le dessus sur eux, tu vois? C'est comme ça qu'il faut gérer les gens : en les soumettant de force, comme ça après ils te mangent dans la main. Voilà la vérité."

Laissant une petite seconde de silence s'installer, Deryn finit toutefois par regarder à nouveau Nayla dans les yeux, un peu en biais. Elle ne se sentait franchement pas à l'aise dans cette situation, et elle espérait que Nayla arriverait à le comprendre.

"Non, je ne suis pas sympathique du tout. Il n'y a qu'avec toi que j'ai vraiment envie d'être gentille, douce et aimante. Donc il ne faut pas que les autres pensent un truc pareil, ça serait un vrai problème. Et puis moi je t'aime beaucoup comme ça et dans ces conditions, et pas autrement, Nayla. C'est uniquement pour ça que j'aime autant passer du temps avec toi : ça me fait du bien de changer un peu de registre."

Deryn n'était pas vraiment sûre de savoir ce qu'elle voulait dire par là, ni ce que Nayla pouvait en comprendre. Aussi chercha-t-elle a le reformuler encore autrement, en fonction de ce qu'elle ressentait, ce qu'elle avait envie d'exprimer à cet instant précis, sans vraiment y réfléchir.

"Tu comprends Nayla? Si tu vivais complètement dans le noir, je serai sans doute la première à vouloir t'y rejoindre immédiatement. Mais en pleine lumière, c'est beaucoup plus... Compliqué. Y a les autres, et moi ça m'embête beaucoup qu'ils soient là."

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