Le naturel revient au galop
Ce jour-là, Nayla s’était demandé s’il ne valait pas mieux prétendre être malade, pour ne pas retourner au cours de potions. Si on lui avait dit, quelques mois plus tôt, qu’elle ne ferait que penser à sécher ce cours, jamais elle ne l’aurait cru. Par Merlin, qu’elle AIMAIT les potions. Mais là, elle était embêtée… et si elle n’arrivait pas à satisfaire les attentes de Monsieur Craig?
L’adolescente frémit en chemin vers ses cachots qu’elle avait toujours adorés, et garda les yeux baissés sur ses chaussures en attendant que l’enseignant arrive. Elle l’entendit avant de le voir, et le ton étrange de sa voix lui fit froncer les sourcils… Elle lui semblait plus aigu, drôlement forcée… était-il malade? N’osant pas le regarder pour vérifier, Nayla s’engouffra dans la classe en regardant toujours par terre, et pris place à l’avant, suite à sa promesse de faire des efforts, mais toujours sans lever les yeux vers le maître des potions.
De plus en plus, des chuchotements, des petits rires étouffés et des remarques rigolotes, parvenaient aux oreilles de Drew. Intriguée, l’adolescente commença à essayer d’écouter celles-ci. Ne comprenant rien au charabia murmuré, outre que cela concernait l’allure de leur professeur, Nayla cessa finalement de s’obstiner à ignorer l’existence de Donovan pour l’observer.
Ses grands yeux verts s’ouvrirent, ronds comme des soucoupes, et l’adolescente plaqua une main sur ses lèvres, surprise… mais surtout voulant éviter d’échapper un rire. Malgré l’allure loufoque de Monsieur Craig, celui-ci ne tirait pas la tête de quelqu’un qui avait envie de rigoler, et il était hors de question d’attirer son courroux. Et pourtant… malgré l’air menaçant de celui qui n’entendait pas rire, malgré le sérieux qu’il s’obligeait à dégager, un micro miracle s’était opéré dans sa classe. Car au moment où il posa une question à l’attention de ses élèves, la petite main nerveuse de Nayla se dressa comme un ressort.
Parce qu’elle connaissait la réponse, évidement, elle connaissait toujours les réponses, bien que depuis novembre, elle s’était abstenue de le faire savoir. Ce jour-là, en revanche, son réflexe, causé par cinq années à adorer les cours de potions, était revenu au galop. Et elle en fut la première surprise, d’ailleurs, mais ça n’allait pas l’empêcher de donner la bonne réponse, pas vrai?
Codage par Libella sur Graphiorum