Un renard fugueur. [PV : Esteban | En cours]

Encore une chaude journée d'été. Une de plus. A force, j'avais fini par ne plus compter les jours qu'il me restait avant la rentrée, c'était peine perdue. Je commençais même à épuiser mon stock de roman et bientôt, je me disais qu'il faudrait que je m'en procure de nouveaux. Alors, pour changer, ce matin là ce n'est pas un livre que j'avais embarqué sous le bras en quittant mes appartements, mais bien un carnet et un crayon. Après tout, quitte à tuer le temps, pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable en réfléchissant à différents moyens de rendre mes prochains cours encore plus ludiques et attractifs ? J'avais envie d'être une source d'inspiration, que l'on vienne à mes cours pour apprendre en s'amusant et que mes élèves se languissent de la prochaine fois. J'aimais bien me mettre à la place de mes petits, en me rappelant à quel point certaines matières à Poudlard avaient pu me paraitre ennuyantes à en mourir lorsque j'étais moi-même étudiante. Je ne voulais pas que l'apprentissage des duels en fasse partie.

Il y avait un chêne immense et imposant au pieds duquel j'aimais me reposer à l'orée de la forêt noire. Je n'étais pas assez douée dans ce domaine pour estimer quel âge pouvait avoir cet arbre, mais à mon avis, il avait vu bien plus de lunes que je n'en verrais jamais. Et puis, son épais feuillage me protégeait des rayons un peu trop agressifs du soleil d'été et le champ des oiseaux qui avaient élu domicile en son sein avait le don de m'apaiser. Je m’asseyais donc entre ses épaisses racines, posait à côté de moi le petit panier qui contenait mon encas de midi, puis je m'armais du carnet vierge alors que je portais le bout de mon crayon entre mes lèvres pour le mordiller en réfléchissant.

- "Mmmh voyons voir.." Marmonnais-je avant de commencer à gribouiller quelques ébauches d'idées.

Cela faisait bien une bonne heure que j'étais assise là, à réfléchir, quand du mouvement dans le buisson non loin de là me tira de mes pensées. C'était comme si quelque chose y était caché, le faisait remuer et était prêt à bondir hors de celui-ci. Alors, sans trop attendre, j'ai saisi ma baguette. On était jamais trop prudent. En essayant de rester la plus discrète possible, je me suis alors levée, puis approchée à pas de loup vers le buisson remuant. C'est alors qu'une créature surgit de celui-ci, manquant de me faire tomber en percutant mes jambes. A bien y regarder, cette chose qui venait de sortir du buisson n'avait rien de bien effrayant ou menaçant. En fait, c'était même plutôt mignon.

- "Un renard.." Soupirais-je en souriant.

L'animal repris ses esprits et se rendit surement compte qu'il se tenait là devant une grande chose imposante et peut-être même un peu intimidante, alors sans crier gare il fila se cacher derrière un autre buisson. Je pouffais de rire devant tant de mignonnerie, puis je me dirigeais vers mon panier afin d'y sortir un biscuit que je brisa en plusieurs morceaux. Je m'approchai ensuite doucement vers la cachette du renard, pour m'agenouiller et tendre la nourriture.

- "Allez, viens, je ne te ferais aucun mal." Dis-je calmement.

Pas si farouche que ça, finalement, le renard pointa le bout de son museau en direction de mes mains, puis avec méfiance il sortit du buisson pour venir manger la nourriture qui lui était donnée. Qu'est-ce qu'il était beau ! Un pelage gris magnifique et des yeux au regard si pur. Je profitais qu'il soit occupé avec le biscuit pour me risquer à poser une main entre ses deux oreilles pour lui grattouiller la tête et malgré un sursaut à ce contact imprévu, il ne s'y opposa visiblement pas.

- "Tu vois ? Tout va bien. Tu m'as l'air vachement courageux pour un renard sauvage. Dis moi, tu n'aurais pas fait faux bond à ton propriétaire par hasard ?"

J'ai toujours eu la fâcheuse tendance à parler aux créatures, qu'elles soient magiques ou non, comme si elles étaient en capacité de me répondre. C'était peut-être bizarre, peut-être mignon, en tout cas j'étais intimement convaincue de ne certainement pas être la seule à faire ça. Quand le renard eu fini la petite collation que je venais de lui offrir, je me redressa pour finalement retourner m'asseoir au pied du chêne. C'est alors que je constata, surprise, que la petite créature me suivait et restait là, debout devant moi, à m'observer. Malheureusement, je n'avais plus de nourriture à lui donner, mais je ne voulais pas qu'il s'en aille. Après tout, son propriétaire était peut-être encore dans les parages et le recherchait peut-être activement. C'est alors que me vint une idée, pour l'occuper. Je repris ma baguette en main, puis avec assurance...

- "Expecto Patronum !"

Une lumière bleue et étincelante jailli alors de ma baguette pour prendre la forme d'un renard spectral. Au début, le petit renard gris eu un rictus de peur, puis avec méfiance il s'approcha de mon patronus, reconnaissant un de ses semblable. Puis il se mit finalement à jouer avec comme s'il était l'un des siens tendis que je regardais la scène en riant doucement, m'efforçant de rester concentrée pour ne pas rompre le sortilège.

Codage par Libella sur Graphiorum

Le renard. Mon patronus n'était pas un renard lorsque j'étais plus jeune, en vérité, il avait été un corbeau durant de longues années. Quand j'eus assez d'expérience pour le faire apparaitre bien sûr, ce sortilège demandait beaucoup d'entrainement et de détermination. Mais il se peut, dans la vie d'un sorcier, que son patronus change en cours de route. Deux principales raisons sont capables de faire changer la forme d'un patronus : L'amour et le deuil. En effet, lorsque deux personnes s'aiment au point de se considérer comme des âmes sœurs, alors il se peut que le patronus de l'un prenne la forme de celui de l'autre et inversement. La seconde raison est plus dramatique, lorsque le patronus prend la forme de celui d'une personne défunte... C'était mon cas. Mais je ne m'en plaignais pas ! J'aimais autant les corbeaux que les renards !

Aussi, j'étais tellement focalisée sur mon sort, qui demandait une certaine concentration, que je ne senti même pas la présence du jeune homme qui s'approchait doucement des animaux. C'est quand le véritable renard se mit à courir dans sa direction et que le jeune homme se mit à lui parler que je me rendit compte que je n'étais plus seule. Manquant alors de concentration, le sortilège se brisa et le patronus disparu dans la foulée. Je levais les yeux vers l'inconnu qui semblait être le propriétaire du renard gris, puis lui souriait alors qu'il espérait que son animal ne m'ait pas importunée

- "Oh, ne t'en fais pas pour ça, je ne pense pas que cette adorable créature puisse importuner quiconque ! En revanche, j'espère que mon patronus ne t'as pas effrayé, mais ton adorable compagnon avait l'air d'apprécier sa compagnie." Dis-je en rigolant.

Je rangeais ma baguette, un peu fatiguée d'avoir maintenu mon patronus si longtemps, puis je reprenais.

- "Jill Baker, professeur de duel. Tu as décidé de rester à Poudlard pour les vacances ?" Demandais-je.

Puis, me rendant compte que je le tutoyais et qu'il n'avait probablement pas l'habitude qu'un professeur le fasse, je rajoutais.

- "Oh.. Le tutoiement, j'espère que ça ne te dérange pas ? D'ailleurs, tu peux me tutoyer après tout, en dehors des murs de Poudlard je ne suis que.. Jill Baker." Dis-je en haussant les épaules.

En vérité, j'avais toujours eu du mal avec le vouvoiement, j'avais l'impression que ça me vieillissait, j'en avais horreur. Bien entendu, lorsque je donnais cours mes élèves étaient tenus de me vouvoyer et de m’appeler Madame Baker, parce qu'il le fallait bien. Mais en dehors de Poudlard, toutes les occasions étaient bonnes pour oublier les règles de bienséance.

Je détournais les yeux de mon interlocuteur pour venir fouiller dans mon panier et y sortir une nappe que je dépliais par terre devant moi. J'y déposais une brioche, une bouteille de jus de citrouille et quelques fruits, puis reprenant attention au jeune homme, je lui demandais en souriant.

- "As-tu faim ? Si bien entendu tu as envie de partager un gouter avec une "vieille"" Gloussais-je.

Finalement, un peu de compagnie, aujourd'hui, ça m'allait bien.

Codage par Libella sur Graphiorum