Quelque part en Norvège, Février 2003


PAR LA BARBE DE MERLIN! Mais c’était quoi ce froid de canard? Comment les gens parvenaient-ils à survivre dans un climat pareil? Était-elle bien en Norvège ou au Pôle Nord? Sincèrement, Ariana s’attendait à tout moment à croiser le Père Noël et ses « lutins » (tout bon Sorcier savait bien que c’étaient plutôt des Elfes de maison, mais les moldus devaient continuer de l’ignorer…) tant le froid glacial lui mordait la chaire. Il lui fallait vite rejoindre son logis avant de se transformer en statue de glace et qu’on ne la retrouve qu’à l’été… si seulement l’été existait dans un lieu pareil.

D’ailleurs, la raison pour laquelle on l’avait envoyée elle lui échappait toujours. Certes, elle était devenue une importante émissaire du Ministère de la magie Britannique lorsqu’elle avait été engagée quatre ans plus tôt, grâce à ses nombreux contacts au travers le monde… Mais ceux-ci se trouvaient principalement dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique centrale et du Sud. Pas dans le nord de l’Europe! PAS DANS LE NORD DE QUOI QUE CE SOIT! Elle ne connaissait personne en Norvège, ayant soigneusement évité tout endroit qui risquait de lui faire rencontrer de la neige, sa seule exception ayant été d’avoir fait un rapide tour du Canada… en plein mois de juillet, par prudence.

Et pourtant, elle était là, allez savoir pourquoi, quelqu’un avait probablement voulu lui faire une farce, ou avait stupidement jugé qu’elle aurait les capacités charismatiques de créer des liens avec le nouveau Sage de la communauté sorcière scandinave où elle était dépêchée. Carrow claquait des dents et se frottait les bras, sous son manteau visiblement trop mince pour le climat, en jurant à mi-voix, prenant garde de ne pas être entendue. Normalement, elle était accueillie à l’arrivée de son Portoloin par des dignitaires du pays d’accueil, mais il fallait croire que l’hospitalité n’était pas leur fort, au norvégiens. Pas étonnant, ils devaient avoir les pieds trop gelés dans le sol pour venir à son secours.

Ou alors ils n’étaient simplement pas chaleureux… La pensée tira un sourire amusé à la jeune femme, juste avant qu’elle tire un soupire de soulagement

-Ah, enfin… marmonna-t-elle pour elle-même, grelottante, lorsque des silhouettes costaudes (ou alors très chaudement vêtues? Difficile à dire dans la bourrasque de flocons…) perçaient enfin l’horizon, venant visiblement à son secours… enfin, à son accueil. Ar… Ariana Carrow, articula-t-elle difficilement, ses lèvres un peu gercées par le froid. Je suis supposée être attendue par… heu…

Le froid polaire ayant visiblement gelé son cerveau, la dignitaire se sentit fort bête et sorti un bout de parchemin de la poche de son manteau (franchement, ça tenait davantage de l’imperméable ce truc…) pour y lire le nom de… Bordel, comment elle était supposée prononcer un tel enfilage de lettres incohérentes? Elle en avait rencontré, pourtant, au fil de ses périples, des gens avec des noms étranges, mais là, ça dépassait ses capacités. Bon, le nom de famille seul devrait suffire, pas vrai?

-Un certain Monsieur Tore-quelle-sonne? articula-t-elle difficilement en songeant qu’elle ne devait pas faire sa meilleure première impression en carrière, là.

Est-ce qu’ils pouvaient juste la mener à leur village au plus vite, qu’elle en finisse? Vivement la chaleur réconfortante qu’elle priait pour trouver au logement qui lui serait attribué… Heureusement pour elle, son séjour au Pôle Nord ne devait pas être très long, elle n’aurait pas des tonnes d’ententes et contrats d’import-export ou autres trucs du genre à négocier… Elle était simplement là pour faire la causette, discuter bon voisinage quoi… Faire copain-copain avec ce mec au nom imprononçable. Hors de question de s’éterniser!