Une rencontre percutante [PV Wendy Wilson]

Le jeune Youri attendit que tous les autres élèves quittent la salle de classe avant de se lever. Il ferma son livre et se dirigea vers la porte. Il chuchota un au revoir à son professeur avant d’entrer dans les couloirs.
Les cours de l’après-midi touchaient à sa fin pour lui. Il avait maintenant un long temps libre jusqu’au repas du soir. Il devait continuer à lire ce livre, peut-être trouverait-il une table de libre dans la bibliothèque ?
Son livre était étrange, enfin… pas vraiment, mais lorsqu’on le comparait à ceux présents dans le monde des sorciers, c’était le cas. Le bouquin provenait du monde des moldus, il s’agissait d’un livre de traduction anglo-russe, une sorte de lexique de mot et de figure de style à adopter. En effet, s’il arrivait à se faire comprendre à l’oral malgré son accent prononcé, ce n’était pas vraiment la même chose à l’écrit. Même si les professeurs étaient compréhensifs, le jeune Serdaigle ne voulait pas les importuner davantage.
 
Lorsqu’il tourna dans un coin du couloir, son angle-mort le trahit (de nouveau) et il n’aperçut que trop tard un obstacle.
Ledit obstacle n’était ni plus, ni moins qu’un autre élève… ou plutôt une autre élève. Youri recula de quelques pas, chancelant, il manqua de peu de tomber. Ce fut cependant le cas de son livre, qui s’aplatit lourdement sur le sol dans un bruit relativement fort. Les notes de ses dernières cours s’éparpillèrent aussi sur les pierres qui servaient de plancher.
 
« Je suys désolé. » Dit le jeune homme en se baissant pour ramasser ses affaires. « Je ne vous avez pas vu. » Affirma le jeune garçon alors qu’il remarqua, de son œil unique, que le vent commençait à faire voler ses notes, il devait se hâter s’il ne voulait rien perdre.

Youri tendit son bras pour aider la jeune fille à se relever. Il baissa alors la tête, quelque peu honteux d’avoir fait tomber une élève. Son œil, cherchant naturellement quelque chose, ne put que constater l’épais livre sur le sol. L’alphabet latin était utilisé, et cela prit quelques secondes au jeune homme pour déchiffrer le nom de l’auteur. Il parvient à déchiffrer la lettre ‘‘k’’ lorsque la jeune fille prit la parole.

Ses joues prirent une teinte un peu rosâtre à la question de la jeune fille. La grande timidité du borgne l’avait visiblement rattrapé et il ne savait pas vraiment où se mettre lorsqu’on lui offrait la moindre attention. Il put par ailleurs constater que l’accent de la jeune fille était aussi slave que le sien. Même plus. C’était sans doute pour cela qu’elle posait pareille question. Préférant ne pas la regarder de face, il répondit tout en parcourant rapidement le couloir pour récupérer ses feuilles.

« Ya… je vyens de Petrrogrrad. »

Le jeune russe pensa alors à son enfance. A cette terrible nuit, la perte de son œil. L’odeur du sang, de la peur… Non, la Russie l’avait peut-être vu naître et grandir, mais elle était maintenant le lieu de toutes ses craintes. Par réflexe, il tapota son cache-œil, comme s’il ressentait une douleur sur cette orbite fantôme. Il prit, pendant une seconde, une mine particulièrement anxieuse. Puis il reprit ses esprits lorsque le vent porta une feuille de papier dans sa direction…

Pour réfléchir à autre chose et ne pas laisser un silence s’installer, Youri se força un sourire et relança le dialogue, posant la même question à la jeune fille. Après tout, elle avait un accent proche du sien.

« Vouus… Tu vyens aussy de Rrrussye ? »

Il n’arrivait pas vraiment à savoir s’il devait tutoyer la jeune fille ou la vouvoyer. Cela le perturbait grandement. Il ne voulait pas paraître médisant ou impoli. Elle l’avait tutoyé, donc il pouvait faire de même, non ?

« Mon nom est Youri Yaga. Elève de 3ème année à Serrrdaigle. Un plaisirrr de vou… te rencontrer. »

Il tendit de nouveau sa main à la rouquine, cette fois non pas pour l’aider à se relever, mais pour faire une poignée de main.

La jeune étudiante se présenta de même, si elle ne venait pas de la mère patrie, son père était allé étudier à Durmstrang. Il devait donc provenir d’Europe de l’Est, ce qui expliquait l’accent de la jeune fille. De plus, tout comme Yuri, la Poufsouffle avait une mère anglaise et un père étranger. C’était plutôt drôle que ce genre de chose arrive : deux personnes avec des origines plutôt communes (et étrangère) dans une si grande école. Yuri (contrairement aux clichés sur les Russes) n’était pas si bon que ça en mathématiques, mais il était presque sûr que les chances étaient très faibles.

Elle se présenta comme Wendy Wilson. C’était plutôt anglo-saxon comme nom, remarqua alors Youri… cependant, il se rappela qu’après tout, elle était née sur le sol britannique.

Tandis que Youri se baissa pour récupérer ses notes éparpillées par les quatre vents, la jeune fille demanda alors où se rendait le Serdaigle.

« M-moi ? »

Youri regardait ses pieds, un peu gêné de répondre. Il se demandait pourquoi la jeune fille voulait savoir ce genre de chose. Il finit par répondre d’une toute petite voix.

« Je me rrrrendais à la bibliiiothèèque. »

Youri récupéra les dernières notes de cours encore au sol puis il les glissa rapidement dans son livre. Il espéra n’avoir rien perdu. Il fit quelques pas, puis s’arrêta. Il demanda alors à Wendy, en tendant désespérément de la regarder dans les yeux (et en échouant à moitié).

« Tu… Tu veux venyrrr ? Enfin, si tu as le tenmps… et… et l’envye. »

Demanda le jeune garçon un peu rougissant. C’était plus une question de politesse qu’autre chose, mais lui qui avait particulièrement envie de se faire des amis, pourquoi ne pas commencer par une élève qui possède quelques similitudes avec lui ? De plus, à la vu du livre que Wendy transportait, c'était aussi une littéraire, donc elle pouvait très bien se rendre à la bibliothèque... non ?

A la surprise du jeune sorcier, Wendy accepta de venir avec lui à la bibliothèque. Le jeune Serdaigle ne manqua pas de rester silencieux, la bouche ouverte de surprise. Il se rendit cependant rapidement compte que son comportement était plutôt étrange.

Elle précisa alors qu’elle n’avait rien d’autre à faire, Youri se contenta de hocher la tête avant de reprendre sa marche vers le nid de connaissance de Poudlard.

« J’allais étudyer l’anglais. J’ai quelques… hum… lacunes ? oui, lacunes, je crrrrois… à l’écrrrrit. »

L’oral était, à défaut d’être parfait, compréhensible, mais c’était une véritable hécatombe à l’écrit. Déjà qu’il mélangeait les mots, il lui arrivait d’écrire en russe ou pire, de mélangé l’alphabet latin et cyrillique. L’un de ces professeurs avait alors conseillé au jeune Youri de lire quelques romans qui l’intéressaient en anglais. Il comptait donc emprunter quelques livres à la bibliothèque. Peut-être des contes slaves, il les connaissait par cœur alors ça ne devrait pas être trop difficile à comprendre.

« Je pense que lire un livre des маггл… euh… mordu ? moidu ? les non-sorciers… un roman, pourrait êtrrre intérrressant. Tu saiiis s’il y a des légennnde d’Eurrrope de l’est en nanglais là-bas ? »

L’élève écouta sa jeune ainée et la remercia de sa réponse. Alors que la bibliothèque n’était plus très loin, il commençait à stresser. Le silence qui commençait doucement à s’installer était générant. Le russe réfléchit à toute vitesse, cherchant un sujet, n’importe lequel, à aborder. Il fit balader son œil un peu partout, cherchant désespérément une chose à dire.

Le regard Youri se posa de nouveau le livre que portait la jeune fille. Il ne l’avait pas remarqué avant, mais la couverture était vraiment belle. Elle donnait un sentiment d’aventure au jeune russe.

« J’iai vu ton livrrre, c’est… un rrroman маггл, non ? De quoi est qu’il parrrle ? »

Demanda Youri, véritablement intéresser, alors que le duo arrivait aux portes de la bibliothèque.