Les loups ne se mangent pas entre eux [Lizbeth & Erwin]

C’était un jour bien particulier aujourd’hui. En effet, j’avais cours avec une classe dans laquelle un jeune homme avait subi la même transformation que moi. Je ne connaissais pas tous les détails de l’histoire car, je ne voulais pas m’immiscer dans sa vie privée, mais je savais qu’il était un loup-garou maintenant comme moi. Et si jamais il voulait que je lui donne des détails je serais ravie de pouvoir l’aider. Ce n’était pas évident comme situation et subir cet état encore moins. Il pourrait en tout cas compter sur moi car je n’étais pas du genre à abandonner mes semblables. Peut-être avais développer une sorte d’esprit de meute ? Non peut de chance les loups garous étaient surtout connus pour leur agressivité et ils vivaient de manière solitaire.

Bref, la classe commença assez rapidement. Aujourd’hui c’était une classe purement théorique, pas de balade au parc ou autre. Je voulais qu’ils prennent le temps d’analyser déjà la créature magique qu’ils rencontreraient au prochain cours. Pour ce faire rien de mieux que de la dessiner. C’était l’un des moyens les plus simples afin de voir vraiment les points importants de la créature qui pouvait être dangereux ou non. Chaque créature était particulière et il était utile de savoir ce genre de chose. De comprendre le fonctionnement de chacune. Quelquefois certains avaient des ailes, mais ne volaient pas pour autant. Appréhender les capacités de chaque espèce était un élément important dans l’apprentissage pour pouvoir se protéger tout en pouvant soigner et protéger l’animal.

J’avais demandé un dessin d’Hippogriffe du coup. Voir un peu le niveau de la classe. Savoir si tout le monde avait un niveau équivalent ou si certains galérait davantage que d’autres. Mais pour le coup ce cours ci passa sans accroc et chacun faisait de son mieux et avait l’air d’apprécier l’enseignement que je donnais donc j’étais assez contente de moi. Quelqu’un finit par venir me voir à la fin du cours. J’avais beau être tournée pour ranger quelques-unes de mes affaires par-ci par-là, je n’eus aucun mal à deviné de qui il pouvait s’agir. Je me retournais et souris.

Bonsoir Erwin. Que puis-je pour toi ? Tu peux me poser toutes tes questions, cela fait parti de mon travail de professeur, ça ne me dérange pas bien au contraire.

Il m’avait l’air bien timide ce garçon. Mais il fallait juste qu’il se sente à l’aise ça irait mieux par la suite.

Les loups-garous hein ? Vaste sujet même si peu renseigner de manière générale. La majorité des écrits dessus, ce sont plutôt des textes de lois ou des listes pour savoir qui est loup-garou et qui ne l’est pas, quand ce n’est pas carrément comment en tuer un. Pourquoi t’y intéresses tu exactement ? Tu veux en savoir le plus possible ou tu aurais besoin d’informations particulières sur leurs conditions ?

Je voulais savoir s’il me faisait assez confiance pour me dire qu’il en était lui-même un ou non. Après tout j’étais son professeur, il pouvait compter sur moi et je voyais qu’il avait beaucoup d’espoir sur mes réponses. Je voulais qu’il sache qu’il pouvait me parler et si je voyais qu’il ne se confiait pas je devrais sûrement lui révéler moi-même ma nature. Mais pour le moment je ne mettais pas la charrue avant les bœufs.

Tu as quelque chose à voir avec ces créatures magiques ?

Question qui pouvait paraître innocente, même si je connaissais déjà la réponse.

Erwin avait l’air assez rassurée par ma réponse quant au fait qu’il n’y avait que très peu d’informations au sujet des loups garous. En même temps, notre race n’était pas super bien vue et avait été chassée durant pas mal de temps avant d’être tolérée. Du coup, à part comment s’en débarrasser ou les recensés afin de pouvoir les contrôler, les recherches dessus étaient très peu nombreuses. J’ai été durant de nombreuses années épier à cause de cette condition. Ayant été transformé jeune ils pensaient que je serais un danger. Mais pour finir ça ne s’était pas si mal passé et Hagrid m’avait beaucoup aidé pour ça. J’espérais pouvoir aider Erwin comme il m’avait aidé à l’époque.

Après je ne voyais pas bien à quoi pourrait bien lui servir des listes de noms. Surtout qu’il restait des gens qui ne s’étaient pas fait recenser certainement et vivant dans l’illégalité. Bref, je continue en lui demandant s’il avait quoique ce soit à voir avec les loups garous sachant pertinemment la réponse mais voulant savoir un peu ses réactions pour apprendre à le connaître lui et ses réactions.

Oui c’est en effet ce que j’ai dit quelque chose à voir avec les loups garous de près comme de loin. Cela peut-être de la curiosité pure, mais je sens que c’est plus que cela pour toi.

Le fait que ses yeux se soit écarquillés et qu’il était devenu plus pâle était clairement des signes de panique. Il ne s’attendait pas à ma question. Pourtant ça pouvait sembler normal vu qu’il faisait des recherches sur un sujet assez sensible. En tant que professeur je ne pouvais pas ne pas demander. Le silence se prolongea, sûrement qu’il pesait le pour et le contre de répondre à cette question. Je lui laissais tout le temps qu’il voulait je n’étais pas là pour le forcer à parler s’il voulait finalement se taire sur la question. Finalement, il me fit savoir que c’était bien le cas, qu’il était relié aux loups garous.

Je n’en fus pas surprise vu que je savais, mais il fallait qu’il réussisse de lui-même à en parler. A faire confiance à quelqu’un pour l’aider. J’étais fière de lui, de voir qu’il commençait à se confier. Surtout qu’en plus j’étais un peu la meilleure professeure à pouvoir l’aider dans tous les sens du terme. Que ce soit par la matière que j’enseigne ou de par ma véritable nature. Il continua sur sa lancée et me raconta brièvement son histoire. Je n’en connaissais aucun détail on m’avait juste prévenu d’un élève loup-garou donc je le regardais tandis qu’il me disait ce qu’il lui était finalement arrivé.

Je le vois même commencé à pleurer face à ses confessions se demandant si finalement il aurait vraiment dû en parler. Ma première réaction fut de le prendre tendrement dans mes bras lui caressant les cheveux doucement comme une mère avec son fils.

Chut, tout va bien calmes toi Erwin, tu n’as rien fait de mal, ok ?

Je le câline encore un tantinet avant de me détacher de lui pour le regarder et lui sourire tendrement.

Ne t’inquiètes pas, tu ne risques rien à me révéler tout ça. Je suis la mieux placé pour te confier mon garçon. Je suis certes la professeure de soins aux créatures dont déjà de part ma matière je peux mieux t’aider que n’importe quel autre prof, mais en plus il se trouve que moi aussi j’ai été transformé en louve-garou quand j’avais quinze ans. Je savais pour ta condition, mais j’avais besoin que tu te confies à moi sans que tu ne saches que je savais afin de voir si tu avais confiance en moi et en toi-même.

Je lui souris doucement.

On est pareil tous les deux. J’ai déjà aidé d’autres personnes avec cette condition, je t’aiderais aussi ne t’en fais pas. Tu es entre de bonnes mains avec moi.

Je partis rapidement faire du thé pour détendre l’atmosphère tandis que je le fis s’asseoir dans la partie cosy à côté de la salle de classe où il y avait un canapé. Je revins ensuite avec une théière et deux tasses ainsi que des petits gâteaux. Je lui servis une tasse et lui tendis.

Fais attention c’est encore pas mal chaud. Cela va t’aider à te détendre. Tu t’en sens un peu mieux déjà ? Je sais à quel point ce genre de révélation peut-être dure à porter comme fardeau quotidien.

La douleur dans la gorge et le torse d'Erwin tomba à la renverse lorsque ce dernier se fit emporter dans l'étreinte de sa professeure. En temps normal, il aurait probablement réagi autrement : il aurait rougi comme une tomate, se serait figé tel une statue, aurait poussé un couinement d'animal en détresse ou bien aurait improvisé une autre réaction ridicule du genre. Mais cette situation n'avait rien de normal, ce n'était pas tous les jours qu'il avouait qu'il était un loup-garou. À vrai dire, c'était sa première fois.

Laissant ses mains timidement rejoindre l’embrassade pour lui, Erwin profita tout même ce confortable moment pour se calmer. Il prit le temps de se débarrasser de sa panique intérieur et des larmes qui germaient aux coins de ses yeux. Il n'avait plus vraiment de raisons de s'en faire, et pour une raison étrange, il était même un peu rassuré par le geste. Les étreintes n'étaient pas vraiment quelque chose d'habituelle pour le jeune homme, ses parents avaient toujours été relativement distants et seul sa sœur avait tendance à l’apaiser à coup de câlins, chose qui était bien évidement devenu un peu plus rare maintenant.

« Ok... Ça va aller... »

Erwin s'éloigna de Lizbeth, certes un peu plus calme, mais appréhendant toutefois la suite de la discussion. Il avait déjà recommencé à réfléchir beaucoup trop à ce qu'il allait se passer lorsqu'elle avoua tout au garçon, mettant une claque à son esprit qui resta stupéfait.

« Ah. »

Lizbeth savait pour Erwin ! Elle était une louve-garou ! Et elle voulait aider Erwin !

« Oh. »

Encore abasourdi par les nouvelles Erwin se laissa emmené dans ce petit salon, perdu des ses pensées. Il s'installa sur le canapé, s'effondrant presque dessus en remuant tel un morceau de flan au caramel tout juste déballé. Il avait bien besoin d'un instant pour se poser et profita donc de ce moment de calme et de ces gourmandises sans dire un mot. Il n'avait plus de cours pour la journée, et n'avait plus de raison de d'angoisser non plus maintenant. Il pouvait juste ne penser à plus rien. Une sensation étrange flottait dans la poitrine du garçon, rien de douloureux ou de lourd, rien de froid ou de crispant, juste une simple sensation de vide qui radiait une douce chaleur. Il avait réussi à faire un pas important. C'était...

« Cool ! Euh je... Oui je vais faire attention. je suis encore un peu surpris par tout ça, héhé...
Je m'attendais un peu à complètement autre chose : un truc à base de surveillance permanente, de tests et d'épreuves pour vérifier mon mental et tout comme si j'étais un prisonnier. C'est que ça faisait un moment que je gardais ça en moi et que je continuais à m'imaginer des trucs, à cultiver cette appréhension sans que je ne puisse échanger avec personne vue que... que ma sœur jumelle n'est plus là. »

La tasse avait prit le temps de refroidir. Erwin se pencha pour goûter au thé en souriant.

« Hhm, c'est bon. C'est à quoi ? Et du coup... Maintenant que j'ai avoué et tout... Est-ce qu'il y a une autre étape après, quelque chose à faire, une épreuve, pour mieux gérer la... Chose en moi ? »

Je n’avais pas pour habitude de prendre dans mes bras un élève pour un câlin, même si je pouvais clairement le faire sans vraiment de soucis. Mais là on pouvait dire qu’en plus c’était vraiment un cas à part ce jeune homme. Je me revoyais à son âge dans le même état soucieux et je voulais l’aider. Le voir aussi démuni et effrayé à l’idée d’avoir dit son secret, je n’avais pas pu faire autrement. Un gros câlin c’est ce qui aidait le mieux à apaiser les cœurs, en tout cas, c’est ce que je pensais. L’affection aidait bien dans ce genre de cas.

Le jeune homme se calma doucement mais sûrement. Ses mains finirent par retourner le câlin. Il n’était pas coutumier des câlins celui-ci mais ça l’aidait quand même. Pas toujours évident, chaque famille est différente avec ça, certaines vont être fusionnelles d’autres distantes, donc ce n’est jamais simple de savoir quoi faire. D’où le fait que j’avais réagis à l’instinct et non pas à la raison sinon je serais encore en train de peser les pours et les contres de lui faire un câlin ce qui aurait été stupide pour plusieurs raisons. D’un, parce qu’il aurait attendu un temps interminable donc il se serait fait des films dans tous les sens, et de deux il se calmait avec un câlin donc plus à hésiter pour la suite. L’instinct est parfois le meilleur juge de situation.

Bien sûr que ça va aller.

Histoire de le mettre définitivement à l’aise avec moi, je lui révélais que l’on était pareil lui et moi et que je pourrais l’aider comme on m’a aidé par le passé.

Oui je sais je n’en laisse rien paraître mais ça fait maintenant 18 ans que je supportes cette condition donc on va dire que j’ai un peu de bouteille pour apprendre à me préserver et que le moins de monde possible soit au courant. Un mouvement de panique est parfois si vite arrivé qu’on va éviter. Et je pense que certains parents encore trop dans les vieilles mœurs seraient bien capables d’interdire mes cours à leurs enfants à cause de ça.

Je souris et caressais ses cheveux doucement.

Oui je sais ça fait beaucoup à appréhender. Tu ne t’attendais certainement pas à toutes ses révélations de ma part. Mais tu t’es confié à moi, la moindre des choses c’est que j’en fasse de même.

Je le fais s’installer dans mon salon cosy et amène du thé et des gâteaux afin de nous détendre. Enfin surtout lui, car cela faisait bien longtemps que je vivais avec cette condition c’était surtout pour lui que la pression avait encore besoin de retomber un peu.

Ne t’en fais pas je comprends tout à fait. Prends ton temps. Hey, ne t’en fais pas tout ira bien. On sera ensemble pour que tu traverses ça et t’habitues à cette nouvelle condition qui n’est simple pour personne la subissant.

Je pris une gorgée de thé et un gâteau tandis qu’il fit finalement de même. Il s’ouvrait doucement à moi et j’étais contente qu’il ne retienne pas ce qu’il pensait ou se ce qu’il ressentait. J’étais bien une des seules personnes ici qui pouvait le comprendre mieux que personne donc autant qu’il en profite au maximum.

C’est un thé noir Rhubarbe-Mirabelle, c’est mon préféré, très parfumé comme j’aime le thé. Pour ce qui est de ton loup je vais t’aider à le contrôler petit à petit. Le plus simple ce sera que l’on se retrouve tout deux à chaque nuit de pleine lune. Pour être sûr que le traitement que je vais te conseiller soit efficace.

Je le regardais pour être sûr qu’il était bien attentif et repris.

Il va falloir que durant les chaque jours de toute la semaine précédent la pleine lune, tu boives une dose de potion Tue-Loup. Cela n’empêchera pas la transformation et autant te prévenir, c’est loin d’être agréable comme sensation. Cependant, cela te permettra de garder ta lucidité sous ta forme de loup. Si une semaine ce n’est pas suffisant les premiers temps on partira sur un temps plus long afin qu’il n’y ai pas d’accident. Cela te convient-il ? Et du coup, chaque nuit de pleine lune on ira gambader sous forme de loup si je vois que tu restes lucide, car tu verras la sensation de se balader en loup est vraiment très sympa à éprouver. Faut bien retirer quelques avantages à cette conditions de toute manière, il n’y a pas grand-chose à faire vu que c’est incurable.

Je le regarde tandis que je finis ma tasse de thé tranquillement.

Tu as des questions ?