Juste une boule à neige...


Ce matin-là, je suis partie tôt de la maison.
J’essaye de ne pas faire de bruit en quittant ma chambre. Je passe devant celle d’Alix, qui doit dormir à l’heure-là. Je ne veux pas le réveiller. Il va me poser des questions et je ne veux pas lui mentir, car je ne suis pas prête encore à lui en parler.

Je descends les escaliers à pas de loup, en évitant les marches qui grincent. La troisième du haut et l’avant dernière en bas. Plus que quelques pas, avant d’atteindre la porte d’entrée. Je pose ma main sur la poignet et hésite quelques secondes. Le temps de me regarder dans la glace, vêtu d’une robe verte pastelle. C’est ma préférée. Est-ce que c’est vraiment utile de faire cela ?

J’entends un bruit venant d’en haut. Sans attendre, je tourne ma main et sort dehors sans regarder derrière moi. Je m’avance de quelques pas dans l’air frais du matin avant de transplaner vers une rue précise de Londres.

Le jardin familial a disparu de ma vue, pour laisser place à un parc. Il n’y a personne encore à cette heure-là. Je m’avance et me pose sur un banc et regarde les environs. L’arbre dans lequel je suis montée et tombée quand j’avais 8 ans est toujours là. Ma tête est remplie de souvenir, j’ai la gorge serrée. Plus loin, je vois une rue que je connais par cœur. Celle qui mène à ma maison d’enfance.

Je regarde dans mon sac et prend dans ma main une boule à neige représentant une femme jouant de piano. Des que je l’ai vu, j’ai pensé à elle et je n’ai pas pu m’empêcher de l’acheter. Je l’ai trouvé il y a 5 ans, lors d’un voyage avec mon père. C’est à ce moment-là, que j’ai commencé à lui écrire.

Je lui racontais, ce que je faisais, les batailles de boules de neige. Je lui disais aussi que j’avais de bonnes notes ou de mauvaises notes. Mais évidemment, je ne parlais jamais de magie. Je lui écrivais régulièrement, au moins une fois par mois. Parfois, je n’avais rien de passionnant à raconter. Et d’autre fois, j’attendais des conseils de sa part. Surtout, lors de ma première rupture amoureuse. Malheureusement, je n’ai jamais eu aucune réponse.

Cet été, j’ai décidé d’y aller directement et de lui offrir cette boule à neige. Je jette un œil à la pendule du quartier. Elle est toujours matinale. Je me lève et pars doucement en direction de mon ancienne maison. J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure. Je commence même à avoir du mal à respirer, mais ce n’est pas le moment d’abandonner.

Je monte les marches du porche et frappe à la porte. Je reprends ma respiration et essaye de me calmer. J’entends le bruit de ses pas venant m’ouvrir, je les reconnais entre mille. La porte s’ouvre et laisse voir une femme brune de petite taille, je lui ressemble beaucoup. Je lui offre un sourire, alors qu’elle semble choquée comme si elle venait de voir un fantôme.

Bonjour maman

Wini…c’est toi…qu’est ce que tu fais ici ?

Je sors de mon sac la boule à neige nerveusement.

Je voulais te voir et t’offrir un cadeau. J’ai pensé à toi quand je l’ai vu et…

MAMAN !! C’est qui à la porte !!!

Du fond du couloir, je vois un petit garçon courir vers nous et s’agripper à sa robe de chambre. Il est blond et a mes yeux. Je reste un instant la bouche ouverte. Au vu de sa taille, il doit être jeune. Ma gorge se serre, alors que je comprends…Je me ressaisi, voyant le regarde apeurer de ma mère.

Bonjour, je m’appelle Winifred et… je fais partie d’une association pour la protection des animaux. Et je vends des boules à neige. Comment t’appelle-tu mon grand ?

Le petit garçon pose son regard sur l’objet que je tiens dans mes mains. Un grand sourire illumine son visage, alors que je le vois sautiller sur place.

Je m’appelle Edmond oui je suis grand ! Je viens d’avoir 6 ans ! Elle est trop belle ta boule, on dirait maman. Tu sais, ma maman elle joue super bien du piano.

Alors que mon cœur se brise, en comprenant que m’a mère a eu un enfant 1 an après mon départ, j’offre à ce petit garçon qui lui n’a rien demandé un sourire sincère.

Et bien bon anniversaire Edmond. Tu sais, ma maman aussi me jouait aussi du piano il y a longtemps…tu sais quoi, je te l’offre tiens.

OHHHHHHHH ! Merci Madame Wini, je vais la montrer à mon papa !

Edmond sautille sur place heureux de ce cadeau. Ma mère me fixe, mais je ne la regarde plus. Je ne veux pas voir son regard, sinon je vais craquer.

Excusez-moi de vous avoir dérangé Madame. Je ne reviendrais plus, aurevoir.

Sans attendre un mot, je me retourne et descend les marches des escaliers à toute vitesse. Je presse le pas pour atteindre une rue sombre afin de pouvoir retourner chez moi. Je garde la tête haute. J’entends la voix de ma mère m’appeler et me suivre. Je ne me retourne pas et avance plus vite. Elle commence à courir derrière moi. Je n’arrive pas à atteindre la ruelle et transplane jusqu’à chez moi.

J’atterri dans le jardin et voix Alix devant moi en pyjama totalement en panique. Je reste sur place alors que je vois qu’il vient vers moi les bras en l’air.

Mais tu étais où ? Je t’ai vu transplaner par la fenêtre de ma chambre ! Non mais franchement Wini…

Alix n’a pas fini sa phrase, que je me suis effondré en au sol en larme. Je pleurais comme un bébé de gros sanglot. Mon cœur était douloureux dans ma poitrine, pire qu’il y a 7 ans, alors que j’avais quitté ma mère. Mes visages dans les mains pour me cacher, je sentis des bras m’enrouler et me serrer fort. Nous sommes restés une heure dans le jardin dans les bras l’un de l’autre. Je lui raconte mon secret, que je n’ai jamais réussi à lui avouer. Je lui explique les lettres que j’envois à ma mère depuis des années sans réponses et ce qu’il s’est passé aujourd’hui.

Alix ne dit rien et m’écoute, me promets de garder mon secret pour lui et que j’ai une famille qui m’aime ici. Je l’embrasse sur la joue et le remercie. C’est main dans la main que nous passons la porte pour rejoindre tout le monde pour le petit déjeuné. J’ai une tête horrible et les yeux rouges et ma robe est pleine de terre. Mon père me regarde ne comprenant pas ce qu’il m’arrive et comme toujours, Alix arrive à ma rescousse.

Je l’ai trouvé dans le jardin. Elle dit qu’elle a vu un gnome et qu’elle a essayé de l’attraper. N’importe quoi ! et finalement, elle est tombée la tête la première dans un trou de lapin !

Tout le monde autour de la table rit. J’ai le droit à un soupire exaspérer de notre cousine Aurore. Je serre fort la main d’Alix, qui me donne tout le courage dont j’ai besoin pour surmonter ce qu’il vient de ce passer.