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01 Septembre 2021

Prue avait à peine touché au banquet de rentrée. Elle n'avait pas eu le cœur à manger. Au lieu de cela, elle avait passé toute la célébration à jeter des regards irrités autour d'elle. D'abord, à son frère, dès qu'elle l'avait repéré. Ensuite, à chacun de ses amis, qui s'étaient assis près de lui. Et puis finalement, à tous ceux qui avaient adressé la parole à Prue, ce malgré sa mauvaise humeur évidente. Ne pouvaient-ils pas voir qu'elle était occupée ?!

Elle avait passé toutes ses vacances à s'imaginer ce qu'elle dirait à Phoebe, dès qu'elle le reverrait. Myriade d'insultes bien choisies avaient traversé son esprit, certaines plus cruelles que d'autres. Elle avait repassé le scénario dans son esprit de nombreuses fois, retravaillant le script comme si elle préparait une sorte de film culte. Une chose était certaine : son frère n'allait pas s'en sortir sans conséquences, pas après l'humiliation qu'il avait infligée à toute sa famille.

Elle avait pu supporter la plupart des provocations. Ou du moins, elle avait su le gérer avec un minimum de grâce, bien qu'elle fut très agacée. Mais cette fois-ci, c'en était trop. Il leur avait infligé l'insulte finale, la trahison suprême. Il n'était pas rentré à la maison pendant les vacances. Pire encore : il n'avait pas même eu la décence de les prévenir avant. Prue et Piper avaient dû constater, à leur sortie de la gare, que leur frère n'était pas sorti du train. Et elles avaient dû passer un jour entier à se demander pourquoi.

Phoebe ne leur avait envoyé qu'un pauvre hibou pour les prévenir. Un pauvre hibou, qui était arrivé le lendemain. Alors que Prue paniquait, écrivait des lettres, et préparait des avis de recherche. Un jour de plus, et elle se serait humiliée en envoyant ces missives à toutes les familles de sang pur de l'Angleterre, voire à la Gazette des Sorciers. Un jour de plus, et la famille Malefoy aurait subi les plaisanteries de toute la haute, tout cela parce que Phoebe avait décidé de faire le malin. L'aînée n'avait jamais été aussi furieuse de sa vie. Et pourtant, la barre était très haute.

Elle avait quitté le banquet avant tout le monde. Elle voulait être sûr d'intercepter cet imbécile, et elle voulait être certaine qu'il l'écouterait jusqu'au bout. Ainsi, elle rejoint le quartier des étudiants. Elle s'adossa directement contre la porte de la chambre de Phoebe. Elle l'attendit les bras croisés et un air de tueur au visage. Elle allait peut-être ruiner sa rentrée, mais c'était de bonne guerre, car Phoebe avait bien ruiné ses vacances.

Dès qu'elle aperçut la silhouette de l'autre Malefoy, Prue sembla se tendre. Ses épaules de raidirent, ses mains se crispèrent, son visage se durcit. Elle ne bougea pas de la porte, pourtant, ne l'observant que du coin de l’œil tandis qu'il approchait, attendant qu'il soit assez proche pour qu'il entende très clairement ce qu'elle avait à dire.

- "… Où étais-tu ?"

Pas un bonjour, pas un salut de la main, ni même un hochement de tête. Si sa voix avait été plus glaciale, elle aurait gelé tout le lac aux alentours de Poudlard. Elle savait où Phoebe avait été. Du moins, elle avait entendu quelques rumeurs, ce malgré la brièveté de sa lettre. Elle voulait seulement l'entendre de sa bouche. Qu'il avait préféré travailler pour quelque magasin de bas étage, plutôt que de passer du temps avec sa famille. Qu'il avait sans doute suivi quelque né moldu. Ou pire, qu'il avait probablement préféré se débaucher tout l'été plutôt que d'être avec son père et ses sœurs.

Dernière édition par Prue Malefoy le Lun 28 Fév - 22:41, édité 2 fois

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La lettre


Phoebe avait tellement hâte de découvrir la résidence universitaire! Les élèves du cursus classique n’ont pas l’autorisation d’y mettre les pieds, bien que les étudiants gardent le privilège d’accès à la Salle commune des plus jeunes. C’est un peu injuste. Même en tant que Préfet, le Serpentard n’avait pas encore visité sa future demeure, il ne pouvait s’en faire une idée que par ce que lui avait raconté ses nombreux amis plus âgés qui n’en était pas à leur première année d’études supérieurs. Bras dessus bras dessous avec une copine de longue date, jacassant sans cesse de leur été respectif, Malefoy leadait un groupe de verts aux âges variés vers leur résidence.

Le banquet était terminé, les ventres bien remplis, tous se rendaient pour s’effondrer dans leur lit et dormir profondément. Ou veiller quelques heures encore pour fêter ces retrouvailles, selon le niveau de sommeil de chacun. Phoebe pensait bien s’adonner à d’autres activités plus ludiques dont il avait déjà obtenu le consentement de sa belle, lorsqu’il se tourna pour accéder aux chambres des huitièmes et trouva Prue sur le seuil d’une porte, et recula aussitôt derrière le mur. Tiens, il ne l’avait même pas vue de tout le repas… Bien qu’il ait senti tout le long un regard pesant qui le dévisageait. Elle l’avait évité pour mieux le coincer. Son cœur manque un battement et sa bonne humeur s’envole.

Bon, eh bien, tant pis pour les plans de la nuit…

-On se reprend demain ma jolie? chuchote-t-il à sa conquête du soir, devant son air déçu. J’ai à causer avec ma sœur, je crois bien que je lui ai trop manqué, tu vois? ajoute-t-il toujours à voix basse, se faisant passer pour le bon petit frère dévoué à sa famille pour amoindrir la déception de sa belle, qui retourna dans le salon commun pour fêter avec les autres.

Puis, il pris une longue et profonde inspiration avant d’entrer dans le couloir et apparaître dans le champ de vision de son aînée. Tel un condamné à mort, il mit un pas devant l’autre, se montant une fausse façade nonchalante qui pouvait tromper n’importe qui, sauf Prue Malefoy. Avant qu’il ait le temps d’ouvrir la bouche, une première question, dure et froide comme la glace, fusa.

N’avaient-ils pas eu le mot? Certes, son but avait été de les faire chier, mais au lendemain de son emménagement chez Lancelot, il avait été pris d’un brin de remord envers sa benjamine, qui allait sûrement s’inquiéter, et avait écrit une très courte lettre.

« Je passe l’été à Pré-au-Lard, où j’ai trouvé un boulot.
P.
»

Une seule phrase, une signature qui n’était qu’une initiale détachée, démontrant son désintérêt total pour les Malefoy. Puis, il avait eu un sourire mesquin, et avait décidé de pousser l’humiliation à son père en identifiant l’enveloppe au nom de « Piper Malefoy », puis d’ajouter une dernière phrase avant sa « signature » :

« J’ai hâte de te revoir en septembre. »

Deux phrases et une initiale, le tout ne s’adressant qu’à sa benjamine. Rien pour son père ou Prue. Et là, maintenant… il réalisait qu’il n’avait pas été abordé par Piper pendant le repas. Certes, il aurait dû s’y attendre, elle avait probablement été brainwashé tout l’été contre lui. Dans tous les cas, il ne s’en sortirait pas avec un simple sourire, même s’il était reconnu comme étant une légende des sourires ravageurs.

-Dans l’appartement d’un copain. D’un amant, si tu préfères, précise-t-il, provocateur, en retrouvant son sourire.

Son air sérieux disparaît pour céder la place à sa bonne humeur sarcastique habituelle, son faux semblant d’homme détaché de tout. Il sort la clé de sa porte comme pour démontrer qu’il veut entrer, mais Prue lui bloque toujours le chemin.

-Mais parfois j’étais au boulot, aussi, j’avais un loyer à payer tu comprends? Ah, non, justement, tu ne comprends pas, tu n’as jamais eu à payer de loyer, bien sûr. Hey, si tu as besoin de nouvelles robes, tu passeras me voir chez Gaichiffons, je travaille ce week end d’ailleurs, ça serait sympa non? fait-il, faussement naïf, bien qu’il peut sentir son estomac se serrer en sachant que la tempête ne tarderait plus à s’abattre sur lui.

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Prue avait toisé la jeune fille d'un air dégoûté et condescendant. Nul n'avait besoin d'être legilimens pour comprendre ce qu'elle pensait. Bien entendu qu'il avait déjà une nouvelle amante. Bien entendu qu'il n'avait pas pu attendre ne serait-ce que la fin du banquet de rentrée. Avait-elle seulement la moindre idée du type de débauché que son frère était ? Peut-être. Peut-être aussi lui avait-il menti. Elle ne le saurait jamais, puisqu'elle n'accorderait jamais plus un regard à cette femme. Elle ne voulait tout simplement pas le savoir.

- Dans l’appartement d’un copain. D’un amant, si tu préfères.

Prue leva un sourcil dubitatif.

- Un seul ?

Les hostilités commençaient.

- Mais parfois j’étais au boulot, aussi, j’avais un loyer à payer tu comprends? Ah, non, justement, tu ne comprends pas, tu n’as jamais eu à payer de loyer, bien sûr.

Prue sembla perplexe. C'était vrai, bien sûr. Elle n'avait jamais eu à payer son loyer. Et ? Était-ce censé être une pique ? Comme d'habitude, Phoebe parlait comme s'il n'était pas né dans le même milieu que le reste des Malefoy. Comme s'il avait la moindre idée de ce que les moins privilégiés pouvaient ressentir, ou des difficultés qu'ils pouvaient rencontrer. Or même s'il perdait son emploi, même s'il manquait son loyer, même s'il ne pouvait payer ses factures, son frère aurait toujours un coussin confortable sur lequel retomber.  A moins qu'il se fasse déshériter, pour vivre enfin la grande vie dont il rêvait.

Tout ce cirque n'était que l'air qu'il se donnait. Le fameux Malefoy ''sympathique'' et ''abordable'', celui qui payait son loyer avec de petits boulots d'étudiant, qui comprenait ce que vivaient les moins fortunés. Une mascarade, un théâtre pathétique pour se faire accepter des vermines qui infestaient ces couloirs. Phoebe avait peut-être trompé ses petits camarades, peut-être avait-il trompé les dizaines de dégénérés qui avaient partagé sa couche, mais pensait-il réellement pouvoir la tromper, elle ?

Alors qu'il sortait sa clé, comme pour lui incomber de se retirer, Prue restait parfaitement en place, immobile comme une statue de glace. Elle n'avait même pas tremblé d'une seule phalange, comme si elle ne comprenait même pas ce qu'il voulait. Son attitude inébranlable n'avait pour but que de faire passer un message. A savoir, que cette conversation prendrait fin quand elle le déciderait.

- "Un concept intéressant, non ?" Reprit-elle d'une voix calme et douce. "Apprécier notre lot dans la vie, plutôt que de cracher dessus pour se languir d'un médiocre substitut. Être reconnaissant des sacrifices  que l'on fait pour nous. Comprendre la chance que l'on a d'être né privilégié par la grâce de ses ancêtres. Comprendre la responsabilité qu'incombe un tel héritage.  Au lieu d'abandonner son père et ses sœurs pour se dévergonder auprès de tous les péons qui passent en travaillant chez... Gaichiffons ?"

Prue pouffa de rire, bien qu'elle pinça l'arête du nez, de ses deux mains, en signe d'agacement. Cette situation était tellement absurde qu'elle ne pouvait s'empêcher d'être amusée. Phoebe Malefoy, second fils d'Alec et Mandy Malefoy. Styliste chez Gaichiffons. Si elle n'en riait pas, elle se mettrait à pleurer.
Malgré cette petite parenthèse, son air sévère et froid revint aussi vite qu'il avait disparu.

''… N'as-tu pas déjà toute l'année scolaire pour collectionner les disgrâces ? Dois-tu choisir le dernier moment de gratitude que tu pourrais témoigner au père qui t'a conçu, et qui t'offre toujours un toit où dormir ?'' Elle aurait pu citer ''le dernier moment de l'année qu'il pouvait passer auprès de sa famille'', mais Prue était bien trop fière pour dire une chose pareille, surtout dans de pareilles circonstances. Elle ne serait jamais la sœur pathétique qui se languissait de son frère après s'être fait rejeter. Elle était, et serait toujours victorieuse.

- ''Puisque je t'ai devant moi, j'avais une question à te poser. Réponds-moi honnêtement. Penses-tu vraiment mériter ton héritage ?'' C'était là presque une question rhétorique. ''L'héritage d'un père auquel tu ne prends même plus la peine de rendre visite ? D'un père que tu t'efforces d'humilier ? Pourtant, tu sembles vraiment vouloir un loyer à payer. Ne serait-ce pas là ton rêve, de peiner chaque jour à briser ton dos pour rembourser quelque dette que tu aurais contractée avec ta paie de misère ?'' Elle plissa légèrement les paupières. ''Réponds sincèrement à ma question, Phoebe.''

Bien que sa voix soit glaciale, elle était restée calme, pour le moment, et elle s'en félicitait. Elle espérait que la discussion se finirait ainsi, et qu'elle conserverait le contrôle d'elle-même. La rage débridée n'était pas aussi efficace.

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Proximité


Bien qu’il y avait beaucoup d’aspects de la personnalité de Prue que Phoebe exécrait, il devait quand même admettre qu’elle avait le sens de la répartie. Une « qualité » qu’ils tenaient tous les deux de leur père, visiblement. Sa réplique le fit sourire encore plus, l’espace d’une seconde. Il savait que la conversation ne le ferait pas rigoler bien longtemps encore, mais mettre en lumière ses actions de débauché, surtout par la bouche de son aînée si prude, le faisait toujours marrer.

-Je n’ai pas dit que nous n’avions jamais d’invités, réplique-t-il du tac au tac sans se défaire de son sourire.

Triturant sa clé dans le but évident d’entrer dans sa chambre inaccessible, Malefoy sait très bien qu’il ne s’en sortira pas aisément avec un simple « bonne nuit, fait de beaux rêves! ». Par contre, heureusement pour lui, le mouton noir de la famille avait l’habitude de ces échanges hostiles, et savait maintenant s’y prendre. Lorsque l’occasion s’y prêtait, il était même capable de faire semblant d’écouter tout en ignorant superbement les propos qu’on lui vomissait dessus.

Phoebe refusa toutefois d’utiliser cette technique aujourd’hui. Parce qu’il était maintenant majeur et ne dépendait plus de personne, qu’on ne pouvait pas lui tirer les oreilles pour mauvais comportement ou exiger quoi que ce soit de lui. Sa sœur pouvait lui faire son air de glace autant qu’elle le voulait, ça ne l’affectait plus. Il plongea donc son regard dans les iris de Prue, aussi extraordinairement bleues que les siennes, le supportant tout au long du pénible monologue qu’il s’efforça à écouter. À vrai dire, il bâtit à peine des paupières alors que son aînée jetait sur lui tout le dégoût qu’elle avait accumulé contre lui au cours de l’été.

Pour peu, il devait admettre être un brin déstabilisé par le discours de Prue. Il s’était attendu à ce qu’elle se fâche. Il aurait peut-être même eu plus d’aisance à répliquer si elle avait montré sa colère et avait crié. Ça aurait été marrant, d’ailleurs. Mais elle s’efforçait de rester de glace, rigolant une fois par sarcasme, reprenant vite son air froid et supérieur. Si bien que Phoebe se tu, encaissant, tâchant de ne pas broncher, de la même façon qu’elle-même restait immobile. Il avait « appris de la meilleure », après tout… Il croyait s’en tirer pas mal, jusqu’à ce qu’elle aborde le sujet de l’héritage familial, ce à quoi il répondit enfin d’un sourire. Plein d’une joie feinte, ses yeux se mettant même à pétiller de plaisir.

-N’essaie pas de me faire pleurnicher, Prue… roucoule-t-il en faisant un pas vers elle, rétrécissant la distance froide qu’elle gardait entre eux. Père n’a pas versé une larme en mon absence, et il ne s’est probablement même pas inquiété pour moi, il aura juste été agacé, frustré par la honte que je lui procurais à nouveau, continue-t-il en ne doutant pas une seule seconde de ces paroles. En fait, je n’ai manqué à personne, je n’ai pas de remords à avoir pour avoir déserté une famille qui ne m’aime pas et ne souhaite me voir tenir le rang que pour l’honneur et rien d’autre. Oh, attend, je suis injuste… Peut-être ai-je un peu manqué à Piper, mais ce n’est pas comme si je pouvais lui demander, pas vrai? Je suis certain que tu t’assureras de la garder loin de ma « mauvaise influence » pour les prochains mois… poursuivit-il en mimant des guillemets en l’air de sa main libre.

Et tout en parlant, il enchaîna un second pas, puis un troisième, au point où sa proximité avec son aînée dépassait l’amicale fratrie et devenait complètement déplacée… ou menaçante, tout dépendant du point de vue de celui qui regardait la scène. Enfin, il tendit simplement la main qui tenait toujours sa clé vers la porte qui était maintenant à sa portée, bien que Prue la bloquait toujours, et ignorant parfaitement le fait qu’il était beaucoup trop dans sa bulle, frôla les côtes de sa frangine dans une tentative d’atteindre la serrure, comme si elle n’était pas là. Lorsqu’il lui parla à nouveau, son aînée sentit certainement son souffle sur son oreille, alors qu’il lui parlait sans réellement la regarder en face, toujours comme s’il n’avait pas conscience de sa présence.

-Pour en revenir avec ta question, je doutes certainement de sa pertinence. Je reste persuadé que mon héritage m’a filé entre les doigts il y a des années déjà, ce que j’ai fait hier, fais aujourd’hui et ferai demain ne changeront strictement rien à cela. Père n’a jamais eu la moindre envie d’assurer une vie confortable à son raté de fils, ne fait pas comme si tu ne le savais pas déjà.

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Prue resta immobile tout le long. Son visage, de plus en plus pâle à mesure que Phoebe approchait. Elle n'avait plus l'air inébranlable, mais plutôt pétrifiée. Au point qu'elle n'avait même pas cherché à répondre à la moindre de ses affirmations. Ce silence ne lui ressemblait pas du tout, et il parut presque qu'elle allait laisser son frère passer et rejoindre sa chambre. Pour un temps, du moins.

Elle saisit soudainement la main qui s'approchait de la serrure. D'une poigne ferme, elle tenta d'écarter la clé, tandis que son bras libre poussait sur le torse de son frère, avec douceur, mais insistance. Pas assez pour lui faire mal, mais assez pour opposer une résistance. Elle tentait de le forcer à reculer, pour le regarder en plein dans les yeux. Le nez retroussé, la mâchoire serrée, les yeux écarquillés, les pupilles contractées.

"Re. Cule." Elle avait prononcé ce mot d'un ton froid, mais tranchant, appuyant sur chaque syllabe, et prenant un moment pour appuyer son regard.

"… Tu...'' Pendant une fraction de seconde, elle dut chercher ses mots. ''… Es exécrable. Comment oses-tu dire une chose pareille ? Tu es son unique fils. Et tu penses ne pas lui avoir manqué ? Tu penses qu'il n'aurait pas retourné ciel et terre pour te retrouver si tu n'avais pas envoyé ta misérable lettre de trois mots ?!" Non, non, du calme, Prue. Si elle s'énervait en premier, il allait juste continuer de la toiser avec son air suffisant, et partir la tête haute comme s'il avait gagné. Et pourtant, elle ne pouvait empêcher la colère de monter, ni desserrer ce nœud qui la prenait à la gorge.

Bien sûr, elle savait que leur père était dur. Elle savait qu'il ne tolérait pas l'erreur. Elle savait aussi qu'il ne montrait que très rarement son affection. Mais insinuer qu'il n'aimait pas ses enfants ? Cela n'avait aucun sens. C'était bien parce qu'il les aimait qu'il ne voulait que le meilleur pour eux. C'était bien parce qu'il aimait Phoebe qu'il ne l'avait toujours pas déshérité, quand bien même il le méritait, à ce stade. Quelle sorte de père serait-il s'il laissait ses enfants devenir n'importe qui ? Au contraire, s'il manquait d'amour, alors il se comporterait comme n'importe quel paillasson laxiste et démissionnaire. Il ne dirait rien, et laisserait son fils faire ce qu'il voulait, jusqu'à-ce qu'il détruise sa propre vie, ainsi que l'honneur de toute la famille. Phoebe était injuste.

"... Et cela t'étonne, hm ?" Reprit-elle, le ton condescendant. "Que je ne veuille pas que ma petite sœur te prenne comme exemple ?" Elle soutenait son regard, un sourcil légèrement levé. "Réfléchis-y bien." Elle se mit à appuyer chaque syllabe, comme si elle voulait que Phoebe ait le temps d'imaginer chacun de ses mots, aussi clairement que possible. "Piper. Tout juste majeure. Dans l'appartement d'un homme inconnu. Un amant d'un soir. Dont elle dépend pour se loger. Toute seule. A l'exception des ''invités'' qu'elle ramène. Nous laisse une simple lettre d'une phrase. Sans donner d’adresse. Ni de moyen de la contacter." Un petit sourire calme revint sur son visage. "Oh, mais après tout, il faut s'adapter à l'ère du temps, hm ? Son modèle de grand-frère pense que c'est amusant et charmant, voilà tout. Il faut se décontracter un peu." Le sourire disparut aussi vite qu'il était venu, remplacé par la même expression colérique qu'auparavant.

"Je ne suis pas stupide, cela dit, je sais que rien de tout cela ne t'atteint. Laisse-moi donc te retourner ton affirmation, puisque tu sembles déterminé à projeter tes insécurités. Aucune de tes conquêtes ne t'aime. Aucun de tes amis ne t'aime. Crois-tu que ton comportement inspire le respect à quiconque ? Ils sont tous intéressés. Par une aventure facile, du prestige, de l'argent, une histoire pour se vanter devant leurs amis, par l'idée même de dégrader un riche sang-pur. Cesse de leur donner ce qu'ils veulent, et tu seras seul." Elle n'avait pas l'air d'en douter une seule seconde. "Ton père, en revanche ? Il n'a entamé aucune procédure d'exhérédation, que je sache. Quand bien même il le devrait. Pourtant, tu choisis quand même tes aventures d'un soir, comme s'il te plaisait de te rouler dans la fange devant tes maîtres moldus. Tu es leur singe de compagnie. Une curiosité. Un traître à son sang qui préfère quelque batifolage à son père, ses sœurs, et même feu sa mère."

La poigne de la jeune femme se desserra doucement. Elle baissa les yeux, et ses pupilles reprirent leur taille habituelle. Elle avait toujours été critique du style de vie de Phoebe, bien sûr. Toujours été rabaissante, voire cruelle. Et pourtant, c'était bien la première fois qu'elle allait aussi loin. Comme si, dans une sorte de dernière frénésie, elle cherchait à blesser son frère par tous les moyens qu'elle pouvait imaginer. Et comme si, après ce dernier accès de rage, elle ne ressentait plus que l'après-coup, comme si, en quelques secondes seulement, elle avait été sevrée d'une drogue particulièrement puissante. Sans un mot de plus, elle s'apprêta à faire un pas sur le côté pour le laisser passer.

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