1,2,3 relou | avec Meredith

Rien d’autre qu’un samedi comme tous les autres à Pré-au-Lard. En plein mois de juin les rues de la petite ville étaient pleines de gens. Tout le monde profitait à sa façon de ce soleil d’été et des températures clémentes. Les jeunes élèves de Poudlard avaient même eu une permission de sortie, la dernière de l’année, pour aller se détendre un peu hors de l’enceinte de l’école.

Pour Alix ce n’était bien sûr qu’un détail, tout ce que ça changeait pour lui c’est qu’il avait de la concurrence dans ses lieux favoris. A part ça, rien à signaler. Le jeune étudiant n’avait pas du tout envie de travailler, examens ou pas, il trouvait nettement plus intéressant de s’acheter une bièraubeurre pour aller la boire tranquillement sur un banc ombragé juste ce qu’il fallait. Ce coin était bien connu, d’ailleurs et sa perfection le rendait un peu trop convoité, si bien qu’Alix dû attendre que le couple qui s’y trouvait décide d’aller se bécoter ailleurs pour pouvoir profiter de ce si bon perchoir. C’est probablement pour cette même raison qu’il n’y resta pas longtemps seul, d’ailleurs.

Alix n’eut pas le temps de profiter longtemps de son banc que déjà trois étudiants plus âgés vinrent s’asseoir avec lui comme si de rien n’était. Alix les considéra avec surprise, étonné de cette intrusion, ce qui ne passa pas inaperçu. L’un des trois le vit et s’adressa à lui d’un ton agressif.

- Qu’est-ce qu’il y a la tafiole ? T’as un problème ?

Alix haussa un sourcil surpris sans répondre. Que dire devant tant de bêtise ?
Cela parut ne pas plaire car un autre ajouta :



Tant de grossièretés, c’était trop pour lui. Devant un tel étalage de bêtise Alix préféra l’ignorance. Il se leva du banc et s’éloigna d’un pas tranquille, sa bouteille de bièraubeurre dans la main, et ne s’occupa même pas de leur répondre. Il faut croire que les imbéciles n’aiment pas êtres ignorés car ceux-ci se mirent à le chahuter de plus belle, élevant bien fort la voix pour être sûrs d’être entendus.

- Hey attends !

- Bah alors petit pédé, tu profites même pas de trois beaux mecs ?

Et le dernier ajoute, dans un sommet de splendeur :



Alix faisait de son mieux pour ne pas les écouter et continuait à s’éloigner mais cette dernière “invitation” le fit s’arrêter malgré lui. Grossière erreur. Prenant ça pour une invitation, les trois lourdingues le rejoignirent aussitôt pour l’encercler. Alix n’eut pas le temps de réagir que les imbéciles étaient déjà là, bousculant une fille dans leur hâte à faire des conneries.

Voilà qu’ils faisaient mine de sortir leurs organes pour lui.

- Je suis sûr qu’il n’y a rien à voir, répondit calmement Alix, dégouté.

Il avait envie de vomir. Leur vulgarité n’avait d’égale que leur ignorance. Ce n’était malheureusement pas la première fois qu’Alix faisait face à ce genre de provocation, mais il s’en serait volontiers passé. Et impossible de s’en aller, il était cerné.

Alix avait le cœur au bord des lèvres, ces trois-là le dégoutaient au-delà de tout. Leur vulgarité et leur bêtise lui donnaient envie de vomir. Mais alors qu’il se sentait piégé et seul face à ces idiots, une personne vint à son secours, celle-là même que ses agresseurs avaient bousculée quand ils s’étaient précipités sur lui pour brandir leurs braguettes sous son nez. Si lui usait de ses paroles pour les moucher, cette fille-là ne s’embarrassait pas d’introduction, elle passait aux actes immédiatement.

Alix se figea en la voyant faire preuve d’autant de violence. Bouche bée il la regarda castrer le meneur des idiots d’un coup de pied bien cadré. Les deux autres n’eurent rien à lui envier de ce que pu constater Alix qui grimaça de dégout en entendant le craquement d’os. La fille ne s’arrêta pas là, elle se pencha sur l’un des corps qui se tortillait au sol et le frappa de nouveau avant de le soumettre sous sa botte pour lui proférer des menaces. Pour Alix tout ça c’était trop. Il regardait la scène se dérouler devant ses yeux, bien incapable de réagir, figé par la peur, le dégout et la stupéfaction. Qui était cette fille qui sortait de nulle part ? Pourquoi faisait-elle ça ? Il fallut qu’elle s’adresse à lui, après avoir réajusté sa tenue comme si de rien n’était, pour qu’il retrouve un semblant de vie.

Il vomit.

Son estomac vide n’eut pas grand-chose à cracher et le flot de bile s’interrompit rapidement. Appuyé sur ses genoux Alix fixait le sol à la recherche d’un peu de stabilité. Les chaussures de la fille devant lui avaient miraculeusement été épargnées par la bile qu’il venait de déverser.

- Merci, grogna-t-il à l’adresse de celle qui se tenait dans les chaussures en question.

Il toussa un peu et cracha ce qui restait de vomi dans sa bouche avant de se redresser en essuyant ses lèvres avec sa manche. Il avait rarement eu aussi honte et eut beaucoup de mal à lever les yeux jusqu’à ceux de la fille, si bien que son regard s’arrêta quelque part au niveau de ses genoux, sans vraiment les fixer, il allait d'un côté de et l'autre, trop mal à l'aise pour rester immobile.

- Désolé pour… ça.

Il ne savait plus où se mettre, ni comment il s'appelait, ni même pourquoi il s'excusait.

L’inconnue fut plus douce avec Alix qu’on aurait pu s’y attendre après une telle démonstration de violence. Le garçon avait un peu craint d’être lui aussi malmené, ou bien qu’elle se détourne de lui parce qu’il risquait de lui vomir dessus, ce qui aurait parfait la tâche de jus qu’on voyait déjà sur le bas de pantalon. Il ne s’était en revanche pas attendu à tant de prévenance. Il faisait pitié à ce point ?

En songeant à la correction que venait de recevoir les trois couillons, Alix décida d’obéir à la “suggestion” de la fille et s’assit sur le banc qu’elle lui attribua d’office. Lorsqu’elle lui demanda ce qu’il préférait boire Alix regarda sa main, l’air perdu. Il tenait toujours sa bouteille de bièraubeurre mais elle ne lui faisait plus trop envie. Il la posa sur le banc.

- Je… hésita-t-il, un jus de citrouille ? demanda-t-il finalement en réussissant enfin à lever les yeux vers la fille.

Interrogateur il se demandais comment il devait se comporter face à elle. Allait-elle s’énerver s’il ne répondait pas ce qu’elle attendait ? A vrai dire il ne savait même pas s’il en avait envie de ce jus après avoir déjà rendu les quelques gorgées de bièraubeurre qu’il avait bu auparavant. Elle avait peut-être raison, et la fraicheur serait peut-être la bienvenue. Il ne savait pas trop. Il retrouva cependant assez de présence pour répondre à la présentation.

- Alix Fawley, déclara-t-il avec un peu plus de certitude cette fois.

Meredith Beleron. Ce n’était pas la préfète de Serpentard ça ? Ceci expliquait cela. Peut-être. Alix préférait se rassurer avec ça. Voir en elle une préfète un peu zélée était plus rassurant que de simplement se dire qu’elle était folle.

- Tu… euh… fais souvent ça ?

Il regretterait peut-être d’avoir posé cette question.

Ce fut plus fort que lui : Alix poussa un soupir de soulagement lorsque la préfète le détrompa en riant. Il avait craint qu’elle ne se fâche contre lui aussi et qu’il finisse comme les autres lourds. Au lieu de cela elle souriait en lui offrant la boisson qu’il avait demandé. Il se détendit.

- Ha, fit-il quand elle lui expliqua son passif avec les trois gros lourds.

Il comprenait mieux à présent la scène à laquelle il venait d’assister. Ces gars n’en étaient pas à leur coup d’essai, raison pour laquelle la préfète avait réagi aussi fort. D’un côté, Alix était plutôt content qu’elle soit venue à sa rescousse. Il faut croire qu’il ne s’en serait pas sorti tout seul et aurait passé un sale quart d’heure en leur compagnie.

Il but une gorgée de jus de citrouille. La boisson fraiche et sucrée acheva de lui permettre de reprendre ses esprits. Il se sentit rapidement mieux avec une deuxième gorgée. La Serpentard suivit le mouvement et le questionna ensuite sur son lien avec Wini. Il acquiesça.

- C’est ma cousine, répondit-il fièrement. Elle est géniale hein ?

Forcément, en tant que préfètes toutes les deux devaient s’être fréquentées un peu. Pas étonnant que Meredith ait fait le lien. Alix, lui, en était fier de ce lien. Il aurait pu grimper sur la plus haute tour du château pour le crier : Wini était sa cousine adorée. Il éviterait de le faire par contre, doué comme il était il risquait d’y laisser un ou deux membres. Encore que son Nimbus pourrait éventuellement l’aider.

Divaguer n’apporterait rien. Alix était conscient que son esprit cherchait par tous les moyens d’oublier l’incident avec les trois crétins dégueulasses mais il décida que le laisser partir sur les toits de Poudlard n’était pas une très bonne idée. Il préféra le ramener au moment présent et bu une nouvelle gorgée de jus, pour la peine. En même temps, il s’amusa à détailler la jeune fille. Il en avait surtout vu le bas du pantalon mais à présent ce qui lui sautait aux yeux était ce bonnet en forme de chat beaucoup trop mignon. C’était un peu contradictoire avec le personnage d’après lui et ça l’amusait beaucoup.

- Sympa ton bonnet.

Ce n’était pas le bonnet d’une tueuse, ça c’est sûr. Alix y vit le signe que finalement elle n’était pas si dure que ça cette Serpentard au pied agressif.

- Comment tu as appris à te battre comme ça ? Comme les moldus ?

Pour lui qui était né dans la magie et baignait dedans depuis tout petit c’était une chose très étrange de voir quelqu’un se battre avec ses poings.

Wini était adorable, géniale, mignonne, super, belle, charmante, douce… Alix pourrait passer la journée à feuilleter un dictionnaire des synonymes pour qualifier sa cousine presque sœur et lui trouver tous les qualificatifs gentils qu’il pourrait trouver. Le tout dans une objectivité certifiée, bien entendu ! C’est pourquoi la validation de la Serpentard tira un si grand sourire au garçon. La famille d’Alix c’était son petit bijou.

De bijou, Meredith Belerone en portait un également, comme Alix s’en rendit compte bientôt en la détaillant alors qu’il n’avait jusque là osé regarder autre chose que ses pieds. Le bonnet que la jeune fille portait était lui aussi adorable. Il fit fondre Alix en un instant, ce qui sembla plaire à la Serpentard également.

- Oh… merci, répondit-il en rougissant sous le compliment inattendu. Mais toi c’est plus classe, c’est fait maison, alors que moi j’ai juste choisi dans un magasin.

Bon, OK, il était fier de son look, il en prenait suffisamment soin pour être content qu’on reconnaisse ses efforts, mais les compliments étaient difficiles à accepter parfois. Et puis ce bonnet, il fallait l’avouer, il avait la classe ! Alix le regarda longuement avant de se dire que c’était peut-être malpoli et de détourner les yeux de sa camarade. Ce qui ne l’empêcha pas de s’intéresser à elle quand même, parce qu’elle était intrigante cette fille. Maintenant que la peur et le choc des premiers instants étaient passés il se rendait compte qu’elle n’était pas si méchante que ça, enfin il se méfiait quand même mais… le bon cœur d’Alix avait plutôt envie de lui faire confiance. C’est ainsi qu’il osa lui demandait pourquoi elle était si douée dans le combat moldu.

La réponse de la fille n’était pas con du tout. Elle avait raison. Enfin, en bon sorcier Alix ne pu s’empêcher de caresser sa baguette lorsqu’elle évoqua le fait qu’on rendait inoffensif n’importe quel sorcier si on la lui retirait. Il se disait que sans la sienne il ne vaudrait effectivement pas grand-chose, et fit même la grimace à cette idée. Déjà qu’il était pas brillant avec, leur rencontre en était la preuve, alors sans… ! Alix ne donnerait pas cher de sa peau.

- Ouais… c’est pas faux.

Un détail attira son attention après coup :

- Tu as l’air d’avoir une sacrée famille. Vous aussi vous êtes proches ?