Amoureux transi
Clignant des paupières à plusieurs reprises en le dévisageant, Ariana mit quelques secondes à comprendre. Avait-elle utilisé ce déterminant qualificatif? Vraiment? Eh bien, ça n’était guère étonnant au vu de l’attachement qu’elle commençait à développer envers ses élèves, certes, il allait lui falloir être doublement prudente en classe et s’assurer de ne pas faire montre de favoritisme envers son ancienne maison, comme elle se targuait depuis dix ans de faire attention à cela. Elle ne voulait quand même pas commencer à ressembler à Severus Rogue.
-Oui, mes Serpentard… ai-je oublié de te préciser ce léger détail dans mon changement de poste lorsque je t’ai écrit pour te demander… enfin te supplier de prendre le poste en potions? Ah, mea culpa cher ami, je suis désormais Directrice des Serpentard. Peux-tu crois, on me confie ce genre de responsabilités, à moi? Quelqu’un dans la haute Direction doit être un peu cinglée… murmure-t-elle en mimant un geste peu respectueux mettant en doute la santé mentale de la personne qu’elle mentionnait à mi-mots, mais qu’elle n’oserait jamais nommer clairement. Elle avait toujours eu une sacrée trouille de McGonagall, et ce n’était pas près de changer.
Comme ils étaient arrivés, Carrow remarqua qu’elle avait perdu totalement l’attention de Craig sur sa personne, ce qui ne l’offusqua pas le moindre du monde. Elle-même était vachement plus intéressée par une nouvelle bibliothèque, lorsqu’elle en découvrait une, que par n’importe lequel de ses amants. Sens des priorités absolues. Mais pour Donovan, c’était une autre histoire, il entrait presque en transe, et cela devenait parfaitement inutile de converser avec lui pendant plusieurs minutes. C’était, semble-t-il, le genre d’homme à préférer les livres aux femmes. Et pourtant, Ariana savait très bien qu’il aimait les femmes (dans leur globalité). Même sa façon d’effleurer le dos d’un bouquin avait quelque chose de sensuel.
Le diriger vers les rayons les plus intéressants selon ses sujets favoris ou lui parler de l’Histoire du lieu était complètement futile à cet instant, de toute façon, il finirait assurément par y revenir seul pour pouvoir jouir en toute quiétude de la place, comme chaque bibliophile le faisait à un moment ou à un autre, et le plus tôt serait le mieux dans le cas du vampire.
-Tu ne peux pas t’y perdre, c’est tellement méticuleusement bien organisé que même le plus grand idiot peut retrouver son chemin ici, et tu n’es certainement pas un idiot, lui répond-t-elle avec un sourire en coin, l’ayant observé presque avec tendresse lorsqu’il avait dévoré la bibliothèque du regard.
Surprise qu’il ne désire pas tout de suite s’éterniser dans la bibliothèque, mais se doutant que cela avait quelque peu à voir avec le court temps que pouvait lui consacrer Ariana pour visiter le château, celle-ci suivi Donovan à l’extérieur du Temple du savoir en se demandant exactement ce qu’il vallait mieux qu’elle priorise comme visite pour s’assurer qu’il puisse se débrouiller seul sans elle plus tard. Certes, il devait déjà savoir où était la Grande Salle, puisqu’elle était difficile à manquer dès qu’ils mettaient les pieds dans le château, et il était plus que probable qu’il soit passé par le Salon du Personnel avant de rejoindre sa chambre. McGonagall avait dû lui indiquer la localisation de sa salle de cours, ce qui ne laissait que…
-Direction le premier étage… répond-t-elle simplement avec un sourire énigmatique aux lèvres, mais choisissant de faire le détour par les escaliers plutôt que de prendre le raccourcit qu’elle lui avait montré plus tôt. Tu sais que lorsque tu regardes une bibliothèque, commence-t-elle à lui raconter un peu d’un ton moqueur en s’accrochant à nouveau à son bras, tu as l’air de dévorer des yeux ton plus grand amour, que tu aurais perdu des années auparavant? Oh, ne t’inquiète pas, aucune jalousie de ma part, les livres sont aussi mon plus grand amour, faute d’être mes meilleurs amants, chuchote-t-elle toujours tout bas de crainte d’être surprise par les rares élèves en retard pour leurs classes qu’ils croisaient, ou qui n’avaient simplement pas cours.
Prendre le détour avait deux objectifs : le premier et principal, le faire languir. Le second, plus pratique, fut qu’elle nommait les classes qu’ils croisaient en chemin et énumérait les salles importantes de chaque étage et leur localisation lorsqu’ils descendaient un escalier sans les voir, se contentant de pointer dans leur direction, en bonne guide.
-Je te présenterai bien les cinquième, sixième et septième un autre jour, enfin… si tu n’oses pas t’y aventurer hardiment avant ça. Fait gaffe, les escaliers bougent tout seul, et j’ai même entendu dire que certaines salles changeaient de place selon leur gré de temps à autres. Et voilà l’infirmerie, au cas où tes aventures dans les couloirs se transformeraient en désastres. Et enfin, la classe d’Histoire de la Magie, la matière la plus intéressante, selon moi, j’ai entendu dire que la professeur n’était pas trop mal non plus, bien qu’un peu trop maigrichonne à mon goût.