La journée s’était passée de manière classique pour le rouquin des Gryffondor. Le matin, cours de Potions. Une classe très intéressante et bien souvent pratique. Le cours se passait en compagnie des Serpentard, ce pourquoi il s’était amusé à embêter un élève habillé en vert qui se croyait doué dans la matière, mais qui en réalité avait eu du mal à concocter la potion demandée, un Elixir d’Euphorie. Oui, ils avaient déjà vu ça plus jeunes, mais cela n’était que de la théorie, et puis, ayant repris les cours, ils n’allaient pas leur donner un cours trop compliqué non ? L’élève de Serpentard avait réussi à confondre les épines de porc-épic avec des griffes d’iguane. Quel idiot. La potion vira de sa couleur orangée à un marron, l’eau étant trouble. Le jeune homme pencha la tête par-dessus sa potion qui émit une odeur nauséabonde. Quelle malchance pour lui, il s’était bien trompé. Le rouquin ne put s’empêcher de rire en voyant cela, alors que sa potion quant à elle était très bien.

Le cours de l’après-midi fut Histoire de la magie, bien moins pratique que le premier cours, mais tout aussi intéressant. Lionel buvait les paroles du professeur qui parlait, prenant scrupuleusement des notes sur ce qu’il disait. Il était si méticuleux qu’il avait quelque part, dans sa chambre, ses notes de tous ses cours. Ces notes-là même que Hiroshi lui empruntait régulièrement, ce tire-au-flanc qui était incapable d’écouter les cours et préférait dormir. Sans le coup de pouce que lui offrait Lionel et sûrement quelques autres élèves, il n’irait pas bien loin. Mais l’asiatique étant son meilleur ami, il n’allait pas le laisser dans la panade, et donc se devait de l’aider.

Le reste de la journée fut toute aussi calme que l’après-midi. Il n’y avait pas d’entraînement de Quidditch en ce jour, et Lionel avait passé la fin d’après-midi avachi dans l’un des nombreux fauteuils de la Demeure Gryffondor, sous le regard accusateur de ses camarades. Il s’était tourné, retourné, re-retourné pour trouver une bonne position pour lire un livre, mais finalement, il s’était mis la tête vers le sol, les jambes en l’air et lisait donc à l’envers le bouquin, provoquant un rire de la part des Gryffondor qui passaient par-là. Ces derniers connaissant bien Lionel, cela ne les choquait pas, ils avaient eu l’habitude. Peut-être les 8ème années qui venaient de les rejoindre, quant à eux, pouvaient se demander légitimement si il n’avait pas un souci mental.

Lorsque le crépuscule montra le bout de son nez et après avoir mangé les repas préparés par Poudlard dans la salle commune, il rejoignit finalement ses quartiers du premier étage. Lionel fit une douce caresse à Arthur, son chat, qui lui répondit en lui plantant ses griffes au niveau du revers de sa main. Ce chat était vraiment sauvage et mal éduqué, un comble venant de Lionel. Il s’endormit alors comme une masse d’un coup.

Ses rêves tournaient tous autour du Quidditch et de l’équipe. Donc Hiroshi, Roxanne, Callandra… Et les autres. Il voyait l’équipe gagner tous les matchs, rapportant plein de points à Gryffondor, imposant ainsi une écrasante victoire pour les rouges dans la Coupe des Quatre Maisons. Alors oui, cela n’a aucun rapport, mais c’est un rêve, c’est pas supposé être logique. Mais pourtant, lors de ce rêve, le balai de Lionel se mit à faire des mouvements étranges, il lâcha prise et tomba.

BOOM. Le rouquin était tombé littéralement parterre, se réveillant en sursaut tandis qu’il se relevait pour masser son visage qui lui faisait atrocement mal. Il semblait avoir si bien rêvé que la couette s’était retrouvée entièrement par terre et que même son haut de pyjama était légèrement relevé. Il n’eut le temps que de le remettre à sa place qu’il entendit un bruit venant de sa porte. Un miaulement suivi du bruit d’une porte qui s’ouvrait. N’avait-il pas fermé la porte à clef comme toutes les nuits ? Il semblait que non. Lionel attrapa alors la lampe à huile sur sa table de chevet, l’alluma, et constata que son chat avait disparu. Evidemment, le miaulement entendu était celui d’Arthur, il connaissait ce bruit par-cœur. Mais qu’avait-il fait encore ?

Le rouquin chuchotait son nom alors qu’il s’avançait pour essayer de le rattraper. Cet idiot allait lui attirer des ennuis. Pourquoi suivait-il son chat ? Car il était capable du pire voyons. Il serait capable de se jeter sur un préfet et le griffer au visage, ou pire un professeur qui passerait par-là. Mon dieu. Le rouquin descendit les marches pour arriver au rez-de-chaussée, allumé uniquement par la lampe à huile, et sentant le froid du sol sous ses pieds. Il n’avait pas pensé à enfiler des chaussons en descendant, cela aurait été plus utile. Par chance, il semblait n’avoir réveillé personne, et il espérait que cela allait rester comme ça, car si quelqu’un se réveillait maintenant et tombait sur Arthur avant lui… Qui sait ce qu’il se passerait. Seuls Hiroshi et quelques élus connaissaient son chat, et avaient été de très bons arbres à chat pour lui. Lionel observa un peu partout dans la salle commune en essayant de l’appeler, mais pas trop fort. Rien. Me dites pas qu’il se trouve dehors à Pré-au-Lard quand même…

Lionel soupira avant de sortir de la Demeure. Un froid glacial matinal vint lui faire frissonner, mon dieu. Entre ça et ne pas avoir de chaussons, il allait attraper froid bêtement. Mais il fallait bien rattraper cet abruti de chat avant qu’il fasse des conneries, vous ne pensez pas ?

- Arthur ! Reviens ici ou t’auras pas de petit déjeuner demain matin !

Etant dans les alentours de trois heures du matin, le pauvre chat n’allait pas avoir faim le matin et dormira probablement. Pourtant si il y avait bien un point commun entre lui et son maître, c’était bien leur gloutonnerie…

Le rouquin était donc dehors à appeler son chat. Mais bon sang, qu’est ce qu’il avait cette nuit ? Il était sauvage mais il restait en général dans sa chambre sans faire le moindre bruit. Ce n’était que lorsqu’il rentrait qu’il s’amusait à sauter partout et à le griffer avec ses petites griffes. Mais là, il semblait vouloir aller dehors. Pour faire quoi ? Il l’avait déjà sorti pour faire ses besoins, donc cela ne devait pas être ça. Cet idiot de chat devait être d’humeur aventureuse et souhaitait sûrement se dégourdir les pattes, ou bien était-il assez sadique pour faire inquiéter son maître. Qui sait ce qu’il se passe à travers la caboche du p’tit Arthur ?

Lionel remarqua que quelqu’un l’avait rejoint dehors. Et pas n’importe qui, c’était Roxanne. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle avait passé ce dernier mois à travailler pour rattraper le mois précédent. Et bien qu’il lui eût proposé à plusieurs reprises de l’aider dans ses révisions et travaux, elle avait systématiquement refusée son aide. Sûrement pas orgueil, comme quoi elle voulait tout faire elle-même sans l’aide de personne. Cela allait avec son caractère de leader de l’Equipe de Quidditch qu’il lui avait laissé, et ne voulait en aucun cas reprendre. Roxanne était parfaite pour ce poste.

Il eu un léger sourire en voyant le pull rouge vif avec le « R » brodé dessus. Cela était de très mauvais goût, mais rien qu’à le voir, il pouvait sentir l’amour qu’éprouvait la grand-mère envers sa petite fille. Chose qu’il n’a jamais réellement ressenti lui-même, ne pouvant donc s’empêcher d’avoir un léger sourire en coin. Mais finalement, elle utilisa un sort d’Attraction pour ramener son chat vers elle, grommelant qu’elle ne pouvait pas l’appeler par le prénom qu’il lui avait donné car c’était celui de son grand-père. Le rouquin se sentait mal que son chat était nommé du même prénom que le grand père de la jeune fille au teint de café au lait, mais… C’était pas voulu. Il l’avait appelé ainsi car il appréciait les histoires de la Table Ronde et la Quête du Graal. Peut-être était-ce une des raisons pour lesquelles il appréciait si peu Lancelot d’ailleurs, ce foutu traître à la botte de la Dame du Lac.

Lionel allait pour lui dire de rentrer, qu’il appréciait son aide, mais qu’il allait pouvoir s’en occuper lui-même. Mais avant même que ses lèvres ne bougent, il entendit un miaulement et son chat traversa très rapidement le ciel pour venir se poser aux pieds de Roxanne. Le rouquin resta bouche-bée quelques instants avant de se jeter sur lui avant qu’il ne s’enfuie. Manque de chance, le saligaud sauta au même moment sur sa tête, lui griffant le visage au passage et refit un nouveau bond. Lionel se releva d’un coup et l’attrapa dans ses bras pour le caler et être sûr qu’il n’allait pas partir, alors qu’il avait quelques griffures au visage.

- Enfin ! Tu bouges plus, vilain garnement !

Il se retourna ensuite vers Roxanne et lui adressa son plus beau sourire. Il ne savait pas comment la remercier. Le p’tit Arthur aurait pu s’attirer de très gros ennuis tout seul. Lionel prit un moment à regarder la jeune fille de haut en bas.

- Je te remercie infiniment ! Que puis-je faire pour te remercier ?

Le rouquin réfléchit un moment à ce qu’il pouvait faire pour la remercier. Connaissant la jeune fille elle allait sûrement lui dire qu’il n’avait besoin de rien faire et que cela lui faisait plaisir. C’était dans ses gênes après tout, d’agir avant de réfléchir au pourquoi du comment. Et bien qu’il ne savait pas que c’était en partie à cause d’elle, il devait la remercier d’une quelconque façon. Après un moment à réfléchir, il balaya l’endroit du regard avant de finalement avoir une idée. Une bonne ou une mauvaise c’était à elle d’en juger, mais au moins, c’était une idée.

- Que dirais-tu que je t’invite au Trois Balais ? C’est encore ouvert je pense.

Cela sonnait assez comme un rendez-vous, même si au moment de dire ces mots, il ne pensait pas du tout à cela. Il pensait surtout à remercier son amie de l’avoir aidée. Et puis, si il pouvait passer un moment en sa compagnie, ça ne pouvait qu’égayer sa soirée non ?

Lionel était plus qu’heureux de retrouver son matou adoré. Ce petit garnement qui aimait faire n’importe quoi, qui aurait pu avoir un tas de soucis. Mais maintenant, ce dernier était en sécurité dans ses bras, et semblait s’être calmé. Sûrement dû aux petites caresses derrière son oreille, son point faible, qui le rend aussi doux qu’un agneau. Un point faible que les chiens et les chats partagent et apprécient, vu que c’est un endroit difficilement atteignable pour leurs petites patounes.

Le rouquin tiqua à la remarque de Roxanne. C’est vrai que vu l’heure ils devaient avoir ouvert. Les Trois Balais n’étant fermés que très rarement et sur une période très courte. Il a toujours pu trouver une table facilement pour boire une bièraubeurre, à toute heure. Alors à seulement 3h du matin, il était sûr qu’il allait trouver une place. Le seul souci serait de potentiellement voir des professeurs et que ceux-ci les jugent. Ils n’étaient plus au collège alors ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient officiellement, mais officieusement ce serait embêtant qu’on les voie. Lionel hocha la tête.

- Certes. Oh c’est donc toi qui avait laissée la porte ouverte ? Après si j’avais fermé à clé la porte de ma chambre, il ne serait jamais sorti. Du coup ce n'est pas entièrement ta faute, Rox'.

Lionel avait aussi les cheveux en bataille, enfin plus que d’habitude. Car si il était connu pour quelque chose, c’était bien d’avoir des cheveux qui avaient une forme naturelle qui faisait qu’il n’avait pas réellement besoin de les couper. Quoiqu’il y a encore quelques années, il les laissait pousser un peu, gardant une certaine partie dans la nuque qu’il accrochait avec un élastique pour en faire une micro queue de cheval, toute petite. Mais maintenant, il les gardait assez court, mais pas trop non plus. Pendant l’été il avait fait une coupe très très courte et cela ne lui allait mais pas du tout. Il trouvait que malgré le fait qu’elle soit avec mal coiffée au vu de la situation, cela lui allait plutôt bien. Enfin, elle parla du fait qu'elle voulait lui payer à boire, alors là par contre c'était pas possible. Il se devait de répondre.

- Alors vu que l’on partage la responsabilité de la fugue d’Arthur, je propose qu’on fasse 50-50.

Dit-il en levant son index vers le ciel, mais que sa main restait au niveau du visage de la fille. Donc non, il n’avait pas levé la main vers le ciel comme un signe de victoire. Il fit un léger clin d’œil en faisant ce mouvement, sûrement à but humoristique. Sûrement. Lorsqu’elle fit la remarque que ramener son chat n’était pas une bonne idée, il hocha la tête. En plus il était en pyjama ridicule à rayures, alors si il pouvait porter quelque chose de mieux ce serait pas de refus.

- Tu as pas tort. Je vais en profiter pour me changer. On se retrouve ici dans quinze minutes ? Cela te convient ?

Il lui sourit grandement avant de retourner à l’intérieur sans faire de bruit. Il alla rapidement à sa chambre et vint poser son chat dans la panière où il dormait. Suite à cela, le garçon enleva ses habits pour en mettre des plus sortables. Il ne prit pas la tenue de sorcier habituelle, préférant opter pour un t-shirt blanc avec une inscription « Wizard » brodé dessus, une veste à capuche noire par-dessus et un pantalon marron. Quelque chose de très simple. Cela n’était pas un rencard, il allait pas non plus porter un beau costume. Par contre il passa un moment à essayer de remettre ses cheveux en place pour avoir le moins d’épis possible, mais sans succès. Ses cheveux avaient pris le contrôle de sa tête, et toutes ses tentatives pour les reprendre en main étaient vaines.

Au bout des quinze minutes, un peu moins, douze minutes, il sortit et alla devant la porte. Il attendait que la jeune fille revienne. S’était-elle changée elle aussi ? Pas que son pull rouge lui posait un problème, c’était l’inverse. Il le trouvait très mignon, sûrement car ça se voyait que c’était fait main par sa maman ou sa grand-mère.

Quel dommage qu’il soit né avec ces cheveux pareils, tel un lion sauvage, ces derniers étaient telle une crinière : imposante et indomptable. Ce n’est pas pour rien qu’il était le Lion de Gryffondor. Ca mais aussi parce que sa dite crinière était rousse, et plus éblouissante que celle de ce cher Freddie. Mais bon, c’est la vie, il faut vivre avec et ne pas y penser de trop. Il se regardait et hésitait à retourner à l’intérieur. Était-ce trop peu habillé ? Si elle se ramenait avec des vêtements chics, il aurait l’air de quoi lui ? Oui mais ce n’est pas un rencard, elle va porter un simple sarouel avec un jean non ? Ou quelque chose du genre. Tandis que le rouquin faisait son propre malaise mental, la porte de la Demeure des Gryffondor se rouvrit et apparut… Roxanne. Exactement comme elle était quelques minutes auparavant. Elle n’avait pas changé son pull, elle n’avait rien changée du tout d’ailleurs. Enfin pas tout à fait pareille, elle avait attaché ses cheveux en un chignon, probablement car cela était trop énervant d’avoir de longs et magnifiques cheveux bouclés qui descendaient le long de son cou et de son dos. Compréhensible. Le rouquin avait lui-même expérimenté de laisser pousser ses cheveux. Bon pas autant, jusqu’à la base de la nuque, mais c’était déjà bien plus que d’habitude. Et il s’accordait à dire que c’était trop chiant, que cela soit pour jouer au Quidditch, travailler, ou même juste dans la vie en général.

Ce qui était sûr, c’est que cela allait parfaitement bien à la Weasley, il ne pouvait que le lui accorder. Alors que lui ressemblait à un pauvre idiot avec des cheveux en bataille, elle avait une certaine classe. D’accord, cela tâchait pas mal avec le pull, mais il faisait froid. Heureusement que le rouquin ne sentait pas trop le froid, et qu’il avait enchanté sa veste pour qu’elle le tienne un minimum chaud. Comme prévu par la jeune fille, il n’avait pas remarqué qu’elle avait rougit. Ou plutôt si, mais avec le froid qui s’était installé à Pré-Au-Lard, cela n’avait rien d’étrange. Qui plus est, elle proposa d’y aller car il faisait froid. Lionel ne dit rien pendant quelques secondes, comme absorbé par ce qui était en face de lui. La regardait-il car il la trouvait magnifique, ou bien car il se demandait comment autant de cheveux arrivaient à tenir dans un si petit chignon ? Bon un peu des deux… Lionel finit par acquiescer gentiment et se décala un peu entre-ouvrant un bras, comme pour l’inviter à avancer.

- Mais je vous prie, Princesse Weasley. Je vous suis.

Il lui arrivait parfois de l’appeler ainsi pour la taquiner. Lionel n’avait jamais eu, à sa connaissance, de comportement déplacé en sa présence. Très souvent de l’humour, un peu lourd, mais il était comme ça. Elle devait bien savoir, depuis le temps, qu’il n’était pas foncièrement mauvais. Surtout pour un Blake, c’est un exploit. Entre l’aîné qui détestait les Nés-moldus et était du genre à se vanter et regarder tout le monde de haut, le deuxième frère qui restait effacé mais qui semblait regarder tout le monde avec dégoût, et le petit frère qui faisait n’importe quoi… Lionel était-il le seul saint d’esprit de la famille à la place d’être la pustule selon les autres ?

En quelques pas, les deux arrivèrent finalement au Pré-Au-Lard, tout en discutant et rigolant. Il ouvrit la porte à la jeune fille et pénétra la bâtisse juste après elle. La gigantesque taverne était encore peuplée de plusieurs personnes, pas mal de vieux sorciers qui semblaient se faire une soirée de beuverie bien méritée. Le rouquin alla donc auprès du comptoir, et commanda deux Bièraubeurre. Il savait qu’elle allait demander ça elle aussi, et puis bon, qui n’aimait pas ce délicieux nectar ? Lionel prit les deux chopes et les amena à une table pour deux, derrière les escaliers pour ne pas se prendre le froid au cas où d’autres clients tardifs souhaitaient venir, ou bien que ceux déjà présents souhaitaient quitter. Lionel prit une gorgée de la boisson alors qu’il entendit des gens, probablement des professeurs de l’école, parler d’une soirée dansante. Il ne reconnaissait pas ces derniers, il ne les avait probablement jamais eus. Il manqua de s’étouffer en se rappelant avoir entendu parler de ce Bal costumé pour fêter Halloween, et le rouquin déposa le verre, regardant Roxanne.

- Tu as une idée de ton déguisement pour le bal costumé ? Et tu comptes y aller avec quelqu’un ?

Il la regardait du coin de l’œil alors qu’il s’était mis à trois quart sur la chaise, au visage vers le groupe de professeurs, mais les yeux bien droits sur Roxanne, un léger sourire aux lèvres. Ses yeux bruns qui luisaient orangés à la lumière de la lune semblait percer Roxanne, comme s’il était capable de lire en elle comme un livre ouvert. C’était souvent l’impression qu’avait les gens lorsqu’un peu de lumière solaire ou lunaire traversait son visage. Certains affirmaient que le rouquin avait les yeux orange, mais c’était juste un effet d’optique dû à la lumière, rien d’autre. Cela pouvait être intrusif, mais Lionel ne s’embêtait pas avec ce genre de choses, en particulier en compagnie de quelqu’un qu’il connaissait depuis si longtemps.

Lionel n’avait en aucun cas remarqué la petite gêne qui s’était installée chez Roxanne, ayant l’habitude de la taquiner ainsi. Mais étant la première fois qu’ils avaient un tête à tête, il avait toujours eu ce genre de réactions à son encontre sur le terrain de Quidditch, et donc jamais en temps normal. Le rouquin et la brune se connaissaient depuis longtemps, mais pour une raison que je ne saurais expliquer, les choses étaient ainsi. Peut-être que malgré leur proximité ils n’avaient jamais pensé au fait qu’ils pouvaient discuter ensemble… Ou bien peut-être car soit Roxanne était en compagnie de Fred, soit lui-même était accompagné d’Hiroshi. Chacun avait sa béquille si on puit dire. Il remarqua cependant le sourire amusé sur son visage. Un sourire qui semblait… étrange. Il ne saurait pas poser le doigt sur ce qui n’allait pas, mais il n’était pas comme lorsqu’elle souriait sur le terrain de Quidditch.

A sa remarque il lui répondit uniquement avec un sourire après qu’ils furent entrés. Maintenant que les deux étaient assis, Roxanne s’offusqua un peu qu’il ait payé pour leurs consommations. Mais cela n’était pas dans ses plans de refuser ce qu’ils avaient dit plus tôt, juste que c’était plus simple de payer tournée par tournée que chacun sa boisson. Et au vu de l’heure et la non fatigue des deux jeunes gens, ils n’allaient pas aller se coucher avant un bon moment, au moins le temps de prendre deux tournées de Biéraubeurre. En parlant de cela, il prit une gorgée de sa boisson, laissant une jolie trace de mousse sur ses lèvres, qu’il ne remarqua pas directement.

- Ce n’est pas plus simple de payer tournée par tournée ?

Le rouquin se lécha les babines après avoir senti l’odeur de la Biéraubeurre sous son nez alors que sa boisson était assez loin, comprenant donc qu’il avait un peu de boisson à cet endroit. Au même moment, Roxanne s’expliquait par rapport à ce qu’elle avait prévue pour Halloween, ou plutôt pour le Bal d’Halloween. Elle eut du mal à dire ce qu’elle avait à faire. Quelques bredouillements plus tard, elle affirma finalement qu’elle allait faire les quatre cents coups avec Fred. Il eu un sourire aux lèvres en entendant cela, cela lui ressemblait bien. Suite à cela, elle lui demanda si lui-même avait des projets pour cette soirée. Il posa ses bras autour de la boisson et posa son menton sur un de ses bras, tandis que ses yeux continuaient de fixer la Weasley sans jamais vaciller.

- J’ai eu quelques propositions, mais je les ai toutes déclinées.

Que c’est difficile d’être populaire et d’avoir plusieurs propositions de filles, mais pourtant Lionel semblait s’en ficher. Lui qui pourtant aurait probablement accepté la première fille qui lui aurait demandé, sa passivité légendaire semblait n’avoir pas été de mise pour cette soirée. Il avait quelque chose en tête, et il aurait bien aimé le faire avec Roxanne, mais bon. Si elle était prise, il ne pouvait rien y faire, il n’allait pas l’obliger. Le rouquin se re-adossa à sa chaise étira un de ses bras, fermant un œil par réflexe.

- Dommage que tu sois prise. J’aurais voulu t’inviter.

Il n’en dit pas plus, de toutes façons elle était prise cette soirée-là, cela ne servait donc strictement à rien de lui dire ce qu’il avait prévu. Après tout, à force d'y aller avec des filles qu'il ne connaissait que très peu durant les années précédentes, il s'était dit qu'il pourrait y aller avec quelqu'un qu'il appréciait réellement. Quelqu'un qu'il appréciait beaucoup.

Son regard ne quittait en aucun cas le visage de la jolie Weasley. Ses yeux semblaient être perdus au loin, comme si il voyait plus loin que ses yeux. Pour être honnête, il était à moitié dans ses pensées, et à moitié à la regarder. Il fut sorti de cet état de transe lorsqu’elle manqua de s’étouffer en entendant le rouquin lui dire qu’il souhaitait l’inviter elle. Pourtant il n’y avait rien d’étrange à cela non ? Pourquoi ne pouvait-il pas demander à cette dernière d’être sa cavalière, et souhaiter passer cette soirée d’ « épouvante » en sa délicieuse compagnie ? Le rouquin ne disait rien avant que finalement elle ne lui demande clairement pourquoi elle. Lionel eu un moment de réflexion, et le rouge lui monta aux joues, et ne pu s’empêcher de passer sa main sur sa joue pour se gratter cette dernière avec l’index, souriant en coin de manière assez gênée et regardant sur le côté pour fuir le regard qu’il n’avait pourtant pas quitté avant cela.

- Ahem… Eh bien… Je me dis que pour une fois, j’aurais voulu y aller avec quelqu’un que j’apprécie. Du coup, toi.

Il n’avait pas vraiment jugé l’impact de ses mots, ce qui pourrait être vu comme le fait qu’il l’apprécie comme une amie, ou plus. C’était à son bon vouloir de comprendre ce qu’elle préférait. Le rouquin était assez rouge au niveau des pommettes, presque autant que ses cheveux. Il faut dire que cela était un peu gênant, mais en même temps ça ne l’était pas. Ce n’est pas comme si il lui demandait d’être sa cavalière pour danser un slow avec elle. Avoir le feu des projecteurs sur eux, le bruit ambiant qui diminue progressivement alors que les deux jeunes se regardent tout en dansant. Plus rien qui n’existe autour. Seulement elle, lui, et la piste de danse. Puis finalement le clou du spectacle, le baiser.

Rien que d’imaginer cela, et imaginer même Roxanne dans une magnifique robe rouge avec ses cheveux bouclés lâchés jusqu’au niveau de sa nuque et ses épaules dénudés dû à la robe. Toute cette image le fit encore plus rougir et détourna le regard quelques instants. Pourquoi il se mettait à imaginer ça maintenant ? C’était juste pour ne pas se retrouver seul avec une personne inconnue encore une fois, faut qu’il se clame le gaillard.

- J’avais dans l’idée de me déguiser en Hercules, et euh… Je suis sûr que tu ferais une superbe Megara !

Sa voix portait légèrement plus loin que d’habitude. Il avait même un peu tremblé en disant cela, mais il le pensait. Roxanne serait magnifique, dans n’importe quel habit soyons honnête, et avoir la chance de l’avoir à son bras pour cette soirée… Enfin voilà. On est d’accord, c’est juste y aller entre amis, n’est-ce pas ? Son regard se baissa légèrement vers sa boisson qu’il venait gratter avec ses ongles doucement.

- Mais tu es prise, c’est dommage.

Son cœur battait aussi plus vite dans sa poitrine, mais sûrement dû au stress plus qu'autre chose.

Lionel avait envie de changement. Il aurait pu accepter l’invitation de la première pimbèche venue qui lui aurait proposé, mais depuis peu, il avait envie d’autre chose. Et pourquoi ne pas commencer par y aller avec quelqu’un qu’il appréciait réellement et qui ne lui tournait pas autour pour sortir avec lui ? Roxanne était donc parfaite pour cela. Surtout qu’il ne voyait pas de meilleure Megara qu’elle. Oui, normalement celle-ci est de couleur blanche, mais la couleur de peau est-elle réellement importante si l’important est là ? Le cœur du personnage : son caractère. Le rouquin avait du mal à parler alors qu’il grattait légèrement sa Bièraubeurre. Il tiqua cependant à ce qu’elle venait de dire. Comment ça le physique elle était loin du rôle ? Le rouquin arqua un sourcil à sa remarque et fit simplement un non de la tête.

- Qu’est ce que tu racontes ? T’es superbe, tu ferais une Megara d’enfer.

Les mots sortaient plus vite que son cerveau ne lui donnait d’informations. Ils les avaient sortis si naturellement qu’il ne savait même pas qu’il l’avait dit, et avait donc repris assez confiance en lui, comme on le connaissait. Son regard était à nouveau posé sur elle. Oui, il la voyait parfaitement en Megara, et à son bras. Du moins pour la soirée. Après ces quelques instants d’hésitation, elle finit par accepter, montrant un certain détachement avec ses paroles, comme si elle ne semblait pas réellement intéressée par la chose. Mais pour la connaitre, il savait qu’elle appréciait, sinon elle l’aurait envoyé chier comme elle savait bien le faire.

- Si je te le propose, c’est que je suis sûr que tu es la personne parfaite pour ma Megara.

Son grand sourire était à nouveau là. Attends, attends. Comment ça « ma » Megara ? Venait-il réellement de dire cela sans s’en rendre compte ? Non, il voulait sûrement dire sa vision de Megara, celle assez proche du dessin animé Disney. Oui cela ne pouvait être que cela.

- Tu voudras que je t’aide à trouver la robe ?

Lionel était beaucoup trop excité par cette idée. Il n’avait jamais invité une fille à quoi que ce soit, cela avait toujours été l’inverse. Alors pour une fois qu’il s’était poussé lui-même à faire cela, il fallait que tout soit parfait. Et puis, visiter des magasins n’était pas une si mauvaise chose, cela peut être très intéressant, comme très chiant je vous l’accorde. Mais là, il se sentait en confiance et trouvait que l’idée serait bien. Roxanne n’était pas le genre de filles avec qui il sortait en général, pas pour autant qu’elle n’était pas son type. Toutes ses ex étaient des filles qui n’étaient là que pour les apparences et il acceptait seulement pour ne pas se sentir seul, rien de bien intéressant. Rares de ses « ex petites amies » avaient ne serait-ce qu’eu droit à un baiser de sa part. Il faut mériter le baiser de Lionel, ça se donne pas comme ça !

- Pourquoi pas ? ça peut être sympa.

Il rougit très légèrement lorsqu’elle toucha son front mais ne dit rien et tentait de ne pas se montrer gêné. Cela nuirait à son image de gendre parfait que tout le monde s’arrache. Evidemment qu’il l’appréciait, il apprécie tout le monde après tout. Le rouquin se mit à réfléchir à ce qu’elle venait de dire. Que pouvait-il demander ? A part peut-être un meilleur balai vu que sa famille adorée ne lui donnait presque rien, il était très en retard en comparaison aux autres joueurs de l’équipe. Il suivait leur niveau uniquement grâce à sa technique, et pas grâce à son balai c’était sûr. Il bu d’une traite la Bièraubeurre et se releva.

- Bah je te laisse prendre ta robe, j’ai des choses à faire pour mon costume. T’auras qu’à payer la prochaine fois qu’on vient, mais du coup je vais te laisser. Hâte de te voir au bal !

Il lui sourit grandement et s’avança très légèrement comme si il voulait faire quelque chose. Pour être honnête il voulait lui ébouriffer les cheveux mais il n’avait pas eu le courage, et finit par lui faire un simple mouvement de main avant de partir de l’établissement en courant. Pas étonnant pour lui de faire ce genre de choses un peu illogiques. Ce n’était pas la première fois, ni la dernière.