Le grand jour est arrivé.
Enfin… c’est déjà la troisième fois que je me dis que c’est le bon moment et je n’arrive pas à franchir le pas. A chaque fois qu’elle me parle, je reste attentif et j’ai trop peur de la blesser. Elle est si belle, si franche mais… je la sens aussi très fragile. Surtout la dernière fois, lorsqu’elle m’a avoué avoir grandi sans père, je n’ai pas pu. Ça a été trop dur pour moi de l’entendre. J’ai coupé court à la conversation, en gardant le sourire bien sûr, je n’ai pas voulu la blesser mais, j’ai géré mes émotions comme j’ai pu. J’aurais voulu lui dire que j’étais là, tout près. Que je regrette de toute mon âme de ne pas avoir pu prendre une place dans sa vie. Qu’elle n’est plus seule, que je veille sur elle.
Que… d’une manière assez évidente bien que nous soyons des étrangers… je l’aime.
C’est une évidence depuis l’instant où j’ai appris son existence. J’ai tellement aimé sa mère. Je me suis tout de suite inquiété pour elle. A demi-mots, elle m’a confié des bribes de son enfance difficile. Ce monologue tourne en boucle dans ma tête depuis des jours et des nuits. Nous sommes vendredi soir, le dîner s’est terminé dans la bonne humeur et j’ai prévenu Diana que j’allais passer la voir pour lui trouver un remède pour les douleurs dans sa main blessée. C’est elle qui est venu m’en parler, j’en ai été très honoré. Puis je me suis souvenu que je suis infirmier et que c’est tout à fait logique qu’elle me demande mon aide pour ce genre de chose.
Je suis tellement bouleversé par cette histoire que je ne sais plus ni comment je m’appelle, ni où j’habite parfois. C’est assez déstabilisant.
C’est donc peu sûr de moi et très nerveux que je me dirige vers les cachots ce soir, mes meilleurs remèdes à la main. Seulement pour une fois, j’ai laissé de côté ma blouse d’infirmier. C’est rare, je la porte toujours d’habitude. J’ai noué mes cheveux aussi. Y’a pas à dire, d’un point de vue extérieur, tout le monde me trouverait étrange. Ou différent en tout cas. J’arrive dans la classe de potion et la porte est entrouverte. Je la pousse et celle-ci grince. « Diana tu es là ? » J’entre prudemment dans la pièce, la cherchant du regard. Mais la salle est vide, j’approche de son bureau au fond de la classe.
C’est la première fois que je retourne dans cette salle depuis bien des années. Me souvenant des cours du professeur Rogue dans mon enfance, je n’ai jamais été très friand de cette salle pleine de mauvais souvenirs. Mais je note qu’elle a une ambiance très différente aujourd’hui. Mieux éclairée, son atmosphère est beaucoup plus agréable. Cela doit être l’oeuvre de la nouvelle maîtresse des lieux, sans aucune doute possible. Je souris en y pensant et frappe à la porte du bureau. « Bonsoir… C’est l’infirmier de service. Je ne te dérange pas ? » déclarai-je en me glissant dans son bureau, mes remèdes bien en évidence dans les mains.
J’étais soudainement très nerveux face à elle mais je tentais de me contenir. après tout… qu’est-ce qu’il pouvait arriver de pire ? Qu’elle me déteste ? Oui… je crois que c’est de ça que j’ai le plus peur. Qu’après lui avoir dit qui j’étais, elle me rejette. Me dise que c’est trop tard. Que ça ne valait pas la peine de revenir maintenant. Mon visage se referme à cette pensée mais très vite j’affiche un nouveau sourire en m’approchant d’elle, ne perdant pas courage, ni mon objectif de vu. « J’ai concocté une nouvelle crème apaisante tu m’en diras des nouvelles... » Je déposais les médicaments sur son bureau, les mains légèrement tremblantes. J’espérais de tout cœur que ma gêne ne soit pas trop flagrante.
Dernière édition par Henry L. Southman le Mer 30 Sep - 11:31, édité 1 fois